Tlemcen est la première destination de l'activité culturelle tunisienne extérieure depuis la révolution du 14 janvier 2011. Tlemcen De notre envoyé spécial Dimanche soir, à la salle Abdelkrim Dali, au palais de la culture d'El Mansourah, à l'ouverture de la semaine culturelle du pays du Jasmin, organisée à la faveur de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique», Abdelaziz El Ziani, directeur de cabinet du ministère de la Culture tunisien, a eu tout le plaisir de le dire. «Cela arrive dans un pays avec qui nous avons des relations solides. Nous souhaitons que notre participation ouvre des perspectives à une coopération plus fructueuse», a-t-il dit. Il n'a pas manqué de faire le lien entre Tlemcen, «ville d'histoire et de patrimoine», et Kairouan, qui a abrité en 2009 les festivités de capitale de la culture islamique. Revenant sur le passé civilisationnel du Maghreb, il a relevé que Fès, Tlemcen et Kairouan étaient «les trois pôles culturels» de l'Afrique du Nord, de l'Occident musulman. «Ces villes sont le symbole de notre unité culturelle», a-t-il relevé. Rappelant le passage de plusieurs dynasties en Tunisie comme les Fatimides, les Almohades et les Hafside, Nouredine Othmani, conseiller de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, a, lui, évoqué la Tunisie de «la nouvelle époque», sans doute pour suggérer le pays de l'après-révolution du 14 janvier. «Une nouvelle étape choisie par le peuple tunisien. Il y a dans la Tunisie de la nouvelle époque tous les atouts d'excellence pour retrouver la gloire d'antan, celle qui a enrichi les cultures islamique, arabe et méditerranéenne», a-t-il déclaré. Habib M'Barek, ambassadeur de Tunisie à Alger, rencontré en marge de la cérémonie d'ouverture, a estimé que la Tunisie retrouve sa vie normale. «Aujourd'hui, il y a la liberté de s'exprimer en Tunisie. Aux artistes de montrer ce qu'ils savent faire. Par le passé, beaucoup de créateurs étaient brimés, empêchés de parler. Dans tous les domaines de l'expression, il n'y a plus de tabous», nous a-t-il déclaré. Le poète Djamel Sali, dans un arabe coranique, a salué les beautés de Leïla, symbole du «printemps arabe», celui qui libère les peuples de l'oppression. Même si dans le cas tunisien, Leïla, n'est pas un joli prénom depuis le règne désastreux des Ben Ali-Trabelsi ! Outre les poèmes de Djamel Sali, la soirée, simple, a été assurée par les chants sacrés du groupe vocal d'Essalam de B'ni Khiar, le port de pêche de Cap Bon, situé non loin de Nabeul. Le groupe, mené par Mohamed Belhadj Ali, puise dans le patrimoine soufi et slami d'El Gabli pour composer les chants liturgiques. Dans l'après-midi, trois expositions d'art plastique, de calligraphie et de livres ont été ouvertes au Palais de la culture. Le public découvrira, entre autres, les peintures contemporaines de Khaled Lasram, de Adel Megdiche, de Sonia Drij, de Khaled Turki, de Emna Masmoudi et de Insaf Saâda. Khaled Lasram, enseignant de l'histoire de l'art à l'Institut supérieur des beaux-arts de Tunis, a consacré un livre à Abdelaziz Ben Raïs, l'un des précurseurs, avec Yahia Turki, de la peinture tunisienne des temps modernes. Décédé en 1962, Abdelaziz Ben Raïs, sourd-muet, a tout fait dans sa démarche artistique pour éviter l'exotisme et la facilité. Des échantillons de l'écriture koufi, moghrabi et thoulthi sont également exposés. Aujourd'hui, Rajaa Al Oudi, grand spécialiste d'épigraphie arabe, fera une conférence sur la calligraphie arabe au Palais de la culture. Hier, Djamel-Eddine Draouil, enseignant-chercheur à l'université de Kairouan, spécialiste en civilisation moderne, a animé une conférence sur le combat de Mohamed Tahar Benachour. Ce savant de la mosquée de la Zeïtouna a durant toute sa vie plaidé pour la liberté, l'émancipation et les réformes. Nous y reviendrons. A noter enfin, que le wali de Tlemcen, Abdelwahab Nouri, a encore une fois brillé par son absence lors de la cérémonie d'ouverture de la Semaine culturelle tunisienne. Un comportement qui a étonné autant les Tunisiens que les Algériens ! En conflit avec la ministre de la Culture, ce commis de l'Etat se comporte comme s'il avait une certaine vengeance à prendre !