Après l'Irak et la Turquie, la Tunisie est l'invitée d'honneur de «Tlemcen, capitale de la culture islamique» pour une semaine. Tlemcen De notre envoyé spécial Depuis hier, et ce, jusqu'au 25 mai, le Palais et la Maison de la culture de la capitale des Zianides abritent des activités diverses. Les artistes tunisiens, dont la parole a été libérée après la révolution du 14 janvier 2011, qui a mis fin à fin à plus de vingt ans de la dictature de Zine Al Abidine Ben Ali, présente des œuvres d'art pictural et de calligraphie. Une exposition de livres est également organisée. La liberté est le thème dominant dans les conférences et débats. Jamal Draouil, universitaire et directeur de la revue Al Hayat Al Thaquifiya, évoquera les maîtres de la renaissance (Ennahda) tunisienne et leur rapport avec l'émancipation. Jamel Draouil a déclaré, récemment, lors d'une conférence en Tunisie, que «la liberté est le but ultime de la révolution». Mohamed Abdeldaïm reviendra sur les acquis culturels de la révolution du 14 janvier, alors que Najwa El Kosantini montrera comment la parole a un certain pouvoir, autant que la vie, dans la créativité artistique du pays du Jasmin. La directrice du Centre national tunisien des arts calligraphiques montrera des aspects, peut-être peu connus, de l'écriture arabe en Tunisie. Le dramaturge Salah Benyoussef Faleh présentera aujourd'hui, à 19h, sa nouvelle pièce Une lettre à ma mère (Rissala li oummi). Une «lettre» écrite en décembre 2010, dès le début du soulèvement populaire dans des villes, telles que Sidi Bouzid ou Mednine, et qui devait être «lue» après la révolution. La pièce réunit les jeunes comédiens, Naoufel Bahri, Mohamed Chaâbane, Maher Aoucheri, Nourhène Bouzayène et Aïda Bessamra. Elle raconte l'histoire de jeunes venus de l'intérieur du pays, cet intérieur si oublié par le régime de Ben Ali-Trabelsi, qui se retrouvent dans un café pour parler de tout. D'amour comme de politique. Parlent librement, même s'il y a moins d'une année «les oreilles» de la «dakhiliya» étaient partout pour tout écouter et prévenir «les menaces» contre le palais de Carthage. Salah Benyoussef Faleh s'est engagé à verser la moitié des recettes de cette pièce aux populations démunies du sud et de l'ouest tunisien. Un exemple à suivre en Algérie. Les riches clubs algériens de football peuvent faire un geste similaire. Côté cinéma, le public de Tlemcen découvrira des anciens et des nouveaux films. Il y a d'abord ce retour aux sources, de Mahmoud Ben Mahmoud, qui replonge dans l'univers soufi dans Wajd. «Ceux de mes amis qui connaissent l'engagement de mon père dans la confrérie soufie des ‘‘Chadhiliya'' et la passion dont moi-même j'ai hérité pour la liturgie mystique, m'ont demandé d'y consacrer un film. Aussi, lorsque la proposition m'a été faite de réaliser un long métrage sur les ‘‘Musiques de l'Islam'', il m'a paru naturel de prendre mon histoire personnelle comme point de départ», a expliqué le cinéaste. Nacer Khemir, célèbre par des films, tels que Les Baliseurs du désert ou Le Collier perdu de la colombe, sera présent à travers son long métrage, Bab'Aziz. Un véritable conte, celui d'un derviche aveugle, Bab'Aziz et la fille Ishtar qui «voyagent» à travers le désert du Sahara à la recherche d'un destin ou peut-être plus… Thalathoun (Trente), le film de Fadhel Jaziri, sera également projeté. Sorti en 2007, le long métrage restitue le combat de grands réformateurs tunisiens, tels que le militant des droits de l'homme Tahar Haddad ou le poète Abou El Kacem Chabi («Idha chaâbou arada el hayat !»). Majnoun Laïla (Laïla, ma raison), l'une des œuvres majeures de Taïeb Louhichi, sortie en 1989, ou Sarab (mirage) de Abdelhafid Bouacida seront également projetées. Des courts métrages et des documentaires sont également au programme. Le groupe Essalem des chants sacrés et la chanteuse Zahra Al Ajnef animeront les concerts d'ouverture et de clôture de la semaine culturelle tunisienne à «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Les prochaines semaines seront celles du Koweït, de la Malaisie et de l'Espagne.