Le 26 novembre dernier, le président Abdelaziz Bouteflika, 68 ans, était hospitalisé à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce près de Paris afin d'y subir officiellement un « bilan médical en raison de troubles digestifs », selon un communiqué de la présidence de la République, précisant que son état de santé « n'est pas source d'inquiétude », après avoir été examiné à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja à Alger. Cette hospitalisation a empêché M. Bouteflika d'assister au sommet euroméditerranéen de Barcelone, qui a débuté le 27 au soir. Il sera remplacé par le ministre d'Etat Abdelaziz Belkhadem. Le Président devait avoir en marge de ce sommet, un entretien avec Jacques Chirac sur les difficultés que rencontre la signature du traité d'amitié entre la France et l'Algérie. Le 5 décembre, alors que le gouvernement s'est contenté de bribes d'assurance sur l'état de santé du Président, la présidence de la République rend public un bulletin médical établi à Paris et signé du professeur Messaoud Zitouni, indiquant que le chef de l'Etat a été opéré d'un ulcère hémorragique au niveau de l'estomac et qu'il suivait une convalescence « stricte et rigoureuse ». Le même jour, le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni annonce à la radio algérienne qu'il avait subi « récemment » une « délicate » greffe du rein à Paris où il devait « rester pendant quelques semaines encore ». Durant ces trois dernières semaines, les officiels algériens lancent des messages évoquant une « amélioration constante » de l'état de santé de M. Bouteflika, annonçant son retour à Alger « dans quelques jours ». Du côté français, les autorités se sont abstenues de communiquer, avançant l'argument du secret médical. Le 15 décembre, M. Ouyahia a « fermement démenti », selon l'APS, « les rumeurs insensées », sans apporter des précisions à l'opinion publique. Le lendemain, le chanteur Mami rend visite à M. Bouteflika dans son hôpital et affirme que le Président « allait vraiment bien ». Le manque d'information observé durant l'hospitalisation du chef de l'Etat, d'une part, et la visite du chanteur de raï, d'autre part, présentée comme ordinaire, a mis en avant une gestion asymétrique de la communication officielle. Avant-hier aussi, la télévision d'Etat a indiqué dans un commentaire lu au JT de 20 h que c'est M. Bouteflika qui a « lui-même ordonné d'informer son peuple et l'opinion publique de sa maladie à travers les médecins et les institutions, loin du spectaculaire et du mensonge ». Hier, M. Bouteflika a quitté le Val-de-Grâce après 22 jours d'hospitalisation et de rumeurs. Mais aussi de tension. La présence de M. Bouteflika en France coïncidait avec le refus de l'abrogation de la loi française du 23 février, glorifiant la colonisation, par le Parlement français. Un débat houleux a caractérisé la vie médiatique dans l'Hexagone, alors que des députés de l'UMP poussaient l'indécence jusqu'à se demander publiquement qui payerait la facture de l'hospitalisation du président algérien. Un bulletin de santé publié hier a indiqué qu'« un repos strict a été prescrit au Président avant la reprise de ses activités nationales et internationales ». M. Bouteflika se trouvait jusqu'à hier soir dans la région parisienne pour se reposer.