Benbouzid estime que la réforme poursuit son chemin non sans difficulté. Plus de 7 852 000 élèves s'apprêtent à rejoindre les classes dans quatre jours. La rentrée scolaire est prévue le samedi 11 septembre. Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a fait, hier, au Forum d'El Moudjahid, un état des lieux tant sur le processus de réforme entamé il y a un an que sur les moyens mis en œuvre pour pallier les insuffisances. Selon le ministre, la rentrée scolaire 2004-2005 se déroulera dans de meilleures conditions. « L'Etat a mobilisé tous les moyens pour la réussir, en poursuivant, bien entendu, la mise en œuvre graduelle de la réforme », annonce-t-il de prime abord. Près de 118 000 nouveaux enseignants du primaire et du moyen ont été formés. Les infrastructures nouvelles sont : 58 nouveaux lycées, 127 collèges et 329 écoles primaires ainsi que 327 cantines et 36 internats dans les régions les plus reculées. Hormis 9 wilayas de l'intérieur du pays notamment Djelfa où on trouve plus de 40 élèves dans une salle le taux d'occupation des écoles est en nette amélioration par rapport à l'an dernier. Il y a une moyenne de 33 élèves dans une classe, dit le ministre. 17 nouveaux manuels scolaires concernés par la réforme sont déjà prêts : 6 titres de la 2e année primaire et 11 pour la 2e année moyenne. Les besoins à satisfaire pour ces nouveaux manuels sont de l'ordre de 23 millions d'ouvrages, soit presque l'équivalent de la production annuelle habituelle de l'ONPS. Pour ce faire, trois autres organismes publics ont été associés à cette bataille de l'impression aux côté de l'ONPS, à savoir l'ENAG, la SIA et l'ANEP. En dépit des capacités réduites du ministère de mettre un nouveau manuel pour chaque élève, M. Benbouzid promet, au moins, que « chaque élève des classes concernées par la réforme aura son manuel ». S'agissant des manuels « anciens », non concernés par la réforme, leur production a atteint les 82%, selon Benbouzid, rassurant que les 18% restants « seront prêts avant la rentrée scolaire ». Ainsi, « la production de cette année atteindra 47,5 millions d'ouvrages, alors qu'elle tourne habituellement autour de 26 millions », indique-t-il encore. Pour les parents à faible revenu, le ministère a mis à leur profit un système de location des manuels à des prix plus ou moins accessibles. Fort taux de déperdition A tire d'exemple, 250 DA suffiront pour acquérir l'ensemble des manuels de 1e année primaire et 300 DA pour ceux de 1re année moyenne. En introduisant le français dès la 2e année primaire et l'anglais dès la 1re année moyenne (CEM), le ministre dit avoir ainsi mis en place la seconde pierre de la réforme, qualifiant ce qui se passe actuellement dans le secteur d'une « grande révolution ». M. Benbouzid estime que « des efforts incommensurables ont été faits par l'Etat », sans cacher les insuffisances et les dysfonctionnements qui ont entaché notre système éducatif. A ce propos, il évoque le fort taux de déperdition scolaire évalué à 23%. « Notre objectif, voulu par ce plan de réforme, c'est de ramener le taux de réussite dans différents paliers à 95% et d'assurer des enseignements de qualité sans revenir sur le principe de l'accès gratuit à l'école », précise-t-il. Au sujet de l'enseignement du français à partir de la 2e année, le ministre précise qu'en plus de 4000 professeurs existant, 2000 ont été recrutés, en faisant appel autant aux nouveaux licenciés en la matière qu'à ceux qui sont à la retraite. « Le français sera enseigné même dans les localités perdues », affirme-t-il, défendant le principe de l'égalité des chances. Revenant sur les revendications des enseignants et la menace de grève dès la rentrée des syndicats autonomes, M. Benbouzid rassure d'un air serein qu' « il n'y aura pas de mouvement de grève cette année, car nous travaillons main dans la main avec les enseignants pour mettre en application la réforme, dont le grand chapitre est consacré à la bonne prise en charge de l'enseignant. Nous sommes en train de faire tout pour garantir la primauté de la fonction pédagogique sur celle administrative ». Quant au dossier de la retraite après 25 ans de services accomplis, le ministre dit que cela dépasse ses prérogatives et concerne le gouvernement. Sur le chapitre concernant l'enseignement privé, M. Benbouzid est ferme : « La loi sera appliquée avec beaucoup de vigueur. 15 ans d'anarchie barakat. Les mêmes lois seront appliquées sur tout le monde sans exception. L'école publique a comme langue d'enseignement l'arabe, il en sera de même pour les écoles privées. Partout dans le monde, il y a le même programme d'enseignement et pour l'école étatique et pour celle privée, sauf chez nous, où l'arabe est la langue nationale et officielle ; mais certaines écoles enseignent le programme français. »