Face à la récurrence des scandales et des détournements qui ne cessent de secouer la place financière locale, les pouvoirs publics semblent désormais décidés à entreprendre une démarche efficiente en vue d'amorcer une nouvelle stratégie d'action visant l'assainissement des circuits bancaires. A travers la modernisation des moyens de paiement de masse et la mise en place d'un système de télécompensation à compter de janvier 2006, les autorités bancaires entendent ainsi optimiser l'efficacité des mécanismes de contrôle afin de couper court aux manœuvres d'escroquerie devenues monnaie courante au sein des agences bancaires. De graves scandales financiers, convient-il de rappeler, ont éclaté au grand jour ces quelques derniers mois, révélant toute l'étendue des défaillances qui caractérisent actuellement les organes de surveillance et de supervision bancaires. BNA, BADR, BEA et autres grandes banques de la place locale ont été, en effet, au centre de scandales financiers dont le préjudice est évalué à plusieurs milliards de dinars. Pis encore, la crédibilité même du système bancaire algérien s'en trouve entachée. Pour y remédier, les autorités bancaires misent essentiellement sur la modernisation des moyens de paiement, dont notamment l'instrumentation ayant trait à la compensation des chèques et à la traçabilité des opérations bancaires. A cet effet, deux règlements importants, l'un relatif à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme et l'autre au système de compensation de chèques et autres instruments de paiement, viennent d'être approuvés par le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC), selon un communiqué parvenu hier à notre rédaction. Réuni jeudi dernier sous la présidence du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohammed Laksaci, le CMC, précise le même source, a procédé à l'adoption des règlements en question afin de « conforter l'arsenal juridique régissant l'activité des banques », mais aussi pour assurer « la traçabilité des opérations bancaires ». Ainsi, le premier règlement approuvé par le CMC intervient dans le sillage de la loi-cadre de 2005 ayant trait à la prévention et la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. « Cette loi, souligne la même source, érige la Banque d'Algérie et la commission bancaire en acteurs dans le processus de lutte contre ce fléau. » Ce faisant, le nouveau règlement approuvé par le CMC vient mettre en place « une instrumentation » qui vise à amener les banques à adopter « des procédures appropriées, un plan d'action de formation et d'information destiné à l'ensemble du personnel » et, enfin, « des mécanismes permettant au secteur bancaire de se prémunir contre les risques opérationnels, juridiques et autres ». Par ailleurs, souligne le même communiqué, le second règlement adopté par le CMC intervient en réponse aux besoins évidents, nés de la mise en œuvre du processus de modernisation du système de paiement en Algérie. Aussi, ce nouveau texte relatif au système de compensation des chèques et autres instruments de paiement introduit, en substance, une série de règles relatives au fonctionnement du système de paiement de masse, dont notamment des dispositions sur la gestion du système de compensation et la responsabilité de l'opérateur et des participants à ce même système. Selon le CMC, ces nouvelles dispositions sont ainsi en relation avec « la mise en place du système de télécompensation des paiements par chèques, effets, virements, prélèvements, retraits et paiements par carte bancaire ». Il s'agit notamment de la mise à niveau des systèmes d'information des banques participantes au système et de la Banque d'Algérie et du développement du réseau de transmission reliant les plateformes des participants au site de production du système de paiement de masse.