Pour les Palestiniens, la célébration de la «Nakba» (15 mai) ou la «Naksa» (5 juin), le prix à payer est toujours le même : du sang et des larmes. Hier encore, l'armée israélienne n'a pas dérogé à la règle en tirant sur des manifestants palestiniens et syriens qui tentaient de pénétrer dans le plateau du Golan occupé, en ce funeste 44e anniversaire de la guerre des Six Jours de 1967. Bilan : au moins 14 morts et plus de 225 blessés. Un autre bain de sang qui confirme que l'Etat hébreu, cet immense ministère de la Défense, voire de la guerre, est au-dessus du droit et de ce qu'on appelle abusivement la communauté internationale. «Les manifestants, des centaines, étaient Syriens et Palestiniens», a précisé l'agence de presse Sana. Selon les médias, des milliers de réfugiés palestiniens établis en Syrie se sont dirigés vers le site de Aïn Touta jouxtant le village syrien de Madjdal El Chams occupé pour manifester leur colère contre les incessantes exactions et violations d'Israël. Près de la barrière de séparation de Qandalia, érigée par Israël entre Ramallah (Cisjordanie) et El Qods, des manifestations pacifiques ont également dégénéré en affrontements avec les forces d'occupation israéliennes qui tiraient à balles réelles sur les manifestants et usaient de gaz lacrymogènes pour les réprimer. Ainsi, quarante-quatre ans après la «Naksa», l'armée israélienne n'a rien perdu de sa puissance de feu contre des Palestiniens qui crient leur douleur d'avoir été spoliés de leur terre. A travers cet odieux carnage, le cabinet Netanyahu, qui a rejeté globalement et dans le détail la feuille de route de Barack Obama sur un plan de paix basé sur les frontières de 1967, envoie un message limpide : il n'est pas disposé à lâcher les terres palestiniennes et arabes et la ville sainte d'El Qods, le plateau syrien du Golan qu'il occupe précisément depuis 1967. Hier, c'était une «Naksa bis» pour les Palestiniens et les Syriens. C'était aussi un bras d'honneur aux pays occidentaux dont le France qui a soumis le même jour une autre feuille de route suivant les lignes de 1967. Feu vert et ligne rouge Le massacre commis hier au nez et à la barbe de la communauté internationale constitue un défi au Conseil de sécurité de l'ONU et ses permanents si prompts à «corriger» les dictateurs arabes en disgrâce sous le couvert d'une fallacieuse volonté de prêcher la démocratie. En ouvrant le feu sans ménagement sur des manifestants pacifiques, Israël a montré la ligne rouge à ne pas franchir pour les sous-traitants de la paix au Proche-Orient. Preuve en est que pas un seul manifestant n'a pu franchir hier la ligne du cessez-le-feu, comme le confirme le porte-parole de l'armée israélienne, Yoav Mordechai. Il n'empêche que ses bidasses ont froidement dégainé et tiré sur la foule juste pour dissuader les manifestants de s'approcher de la frontière. «Les militaires n'avaient pas d'autre choix que d'ouvrir le feu en direction des pieds des manifestants afin de les dissuader», commentait le porte-parole de l'armée d'occupation. Difficile d'imaginer l'ampleur du massacre si les Palestiniens et Syriens réussirent à y faire éruption. Comble du paradoxe, et comme lors de la sanglante commémoration de la «Nakba», le 15 mai dernier, l'armée israélienne a accusé, hier, le régime de Damas de «provocation» ! Il est vrai cependant que face à un régime de Bachar Al Assad qui a tué hier seulement 28 de ses compatriotes coupables de réclamer quelques réformes politiques, l'Etat hébreu dispose là d'une arme de destruction massive, pour essuyer son couteau sanguinolent sur le dos d'un apprenti dictateur. Bachar est en l'occurrence le digne fils de son père. Dans l'indignité. Israël a beau jeu et peut-être pour longtemps encore.