Le rééchelonnement des dettes des petites et moyennes entreprises (PME), annoncé lors de la dernière tripartite, se fera «au cas par cas et situation par situation», a indiqué hier Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF). La mise en œuvre de cette opération est tributaire de la publication des textes d'application qui détermineront tous les aspects opérationnels, a-t-il noté. Ces textes donneront plus de détails sur les modalités et critères d'éligibilité, fera remarquer M. Benkhalfa. Le montant de cette dette et le nombre des entreprises touchées ne peuvent donc être concernés tant qu'il n'y a pas «un cadrage» sur lequel s'appuiera cette opération, insistera-t-il. Le montant des crédits bancaires accordé à toutes les entreprises confondues s'élève à 800 voire 900 milliards de dinars, a-t-il relevé. Le délégué général de l'ABEF signalera que «les banques sont mobilisées» pour concrétiser ce rééchelonnement, soulignant que «l'agenda pour ces questions est prioritaire». Le président du Conseil national consultatif de la petite et moyenne entreprise (CNCPME), Zaïm Bensaci, abonde dans le même sens en affirmant que cet organisme attendait de voir «quelles seront les directives faites aux banques» pour juger de la teneur de ces mesures censées aider les PME à dépasser leurs difficultés financières. «On a annoncé l'effacement des agios et des intérêts mais le principal n'a pas été touché. On ne sait pas encore comment cela va se traduire. Ce sont des opérations conventionnelles donc chaque banque va traiter avec ses clients», a-t-il dit à ce propos. «On attend pour voir s'il y aura des mesures incitatives ou si on va laisser les choses en l'état actuel», a-t-il ajouté, estimant que si c'est la deuxième option qui se précise «on ne réglera pas les problèmes des PME en difficulté». Ces dernières ont été touchées de plein fouet par les pertes de change occasionnées par les différentes dévaluations de la monnaie nationale. Certaines d'entre elles, notamment celles situées dans les zones où le terrorisme faisait rage, n'ont pas pu se développer à cause de cette instabilité, a-t-il rappelé. «Ces entreprises se sont retrouvées dans cette situation financière non pas à cause de la mauvaise gestion mais de facteurs exogènes. La responsabilité de la Banque d'Algérie est entière car elle n'a pas prévenu les entreprises sur les conséquences de cette dévaluation. Il n'y a pas eu de mesures d'accompagnement», a-t-il poursuivi. Le communiqué de la tripartite, qui a réuni samedi dernier le gouvernement, l'UGTA et le patronat, avait annoncé que les petites et moyennes entreprises confrontées à des difficultés de remboursement de leurs dettes bancaires pourront avoir droit à un rééchelonnement des créances. «Le gouvernement encourage les banques à rééchelonner les créances des entreprises en difficulté, avec un différé de trois années durant lesquelles le Trésor public prendra en charge les intérêts, conformément à la réglementation pertinente, la banque créancière procédera à l'annulation des agios réservés pour l'entreprise bénéficiaire du rééchelonnement», peut-on lire dans le communiqué. Le même document signale que «le gouvernement marque son accord pour une couverture des risques de change. A cet effet, il invite la Banque d'Algérie à mettre en place dans les meilleurs délais un dispositif opérationnel de couverture des risques de change».