Certaines opérations du commerce extérieur sont polluées », a avoué hier le délégué général de l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers (ABEF), Abderrahmane Benkhalfa. Prenant part aux « débats de l'entreprise » organisés par l'hebdomadaire Le Point Economique, le représentant de l'ABEF soutiendra que « les opérations du commerce extérieur ont besoin d'un profond toilettage ». Même si le délégué de l'ABEF, qui siège par ailleurs au conseil de la monnaie et du crédit de la Banque d'Algérie, s'est tu sur l'ampleur des mouvements douteux, il ne manquera pas de signifier que le phénomène reste présent et pesant. Tout en rassurant les participants que le « toilettage » est en train de se faire, Abderrahmane Benkhalfa posera la problématique de ladite « pollution » en termes de risque opérationnel pour les banques qui se retrouvent confrontées à de grandes difficultés conséquemment à ces « opérations frauduleuses ». Il informera, sans aller dans le détail par obligation de réserve, qu'un travail de collaboration entre l'ABEF et la Banque d'Algérie (BA) est mené actuellement pour assainir les opérations du commerce extérieur. « Nous alimentons régulièrement la BA en propositions », a-t-il déclaré. Les banques publiques, en particulier, ne sont pas en reste dans la persistance de tels phénomènes. C'est du moins l'avis de Pierre Guenneau, directeur de l'unité de gestion du programme MEDA, dans son volet financier consacré exclusivement aux six banques publiques. Dans son diagnostic, M. Guenneau, présent en Algérie depuis 2001, assimile les banques publiques algériennes à des « administrations où la notion de client n'existe pas ». Tranchant avec le discours d'autosatisfaction développé par le représentant de l'ABEF sur l'évolution de la place bancaire, M. Guenneau se dira « sceptique », notamment en ce qui concerne le développement des crédits à l'adresse des entreprises. « Le crédit est le plus grand problème. Celui destiné à la consommation est relativement facile à faire, par contre celui adressé aux entreprises ne marche pas bien », jugera le directeur du programme MEDA. Pour cet intervenant, « c'est un tort partagé entre les entreprises et les banques ». M. Benkhalfa annoncera par ailleurs la publication dans les semaines prochaines du règlement assouplissant les modalités de paiement des services importés par les entreprises algériennes et qui restent subordonnées en totalité, quel que soit le montant du service, à des procédures au niveau de la BA. De même, il fera part d'un projet de « flexibilisation » du contrôle des changes, ainsi que de l'introduction du rating (notation des entreprises) au sein de trois banques publiques. Une réflexion est également en cours pour la création d'une agence nationale de rating, notera M. Benkhalfa. Cette agence notera les entreprises. L'évaluation servira les banques au moment de l'octroi des crédits. Sans donner de précisions sur la composante de l'agence, le délégué de l'ABEF parlera de son adossement à une agence internationale de notation.