Les pays de l'OTAN ont affirmé, hier, leur détermination à mener l'opération «Protecteur unifié» en Libye jusqu'à son terme et appelé à préparer déjà l'après-Gueddafi, en prenant pour acquis le départ à terme du numéro un libyen malgré sa résistance acharnée. «Nous avons intensifié notre action, notamment, en déployant des avions et hélicoptères d'attaque supplémentaires et sommes déterminés à poursuivre notre opération afin de protéger le peuple libyen aussi longtemps que nécessaire», ont indiqué les ministres de la Défense des 28 alliés dans une déclaration. Ils venaient de tenir un déjeuner de travail avec leurs homologues des pays non membres de l'Alliance participant à la campagne militaire lancée en mars (Emirats arabes unis, Jordanie, Qatar et Suède). «Nous sommes résolus à mettre en œuvre les moyens nécessaires ainsi qu'à faire preuve d'une souplesse opérationnelle maximale dans les limites de notre mandat pour soutenir durablement ces efforts», ont-ils ajouté. Alors que le dirigeant libyen a affirmé mardi qu'il ne se soumettrait pas, malgré des bombardements de plus en plus violents de Tripoli, les ministres ont estimé que «le temps joue contre Mouammar El Gueddafi qui a clairement perdu toute légitimité et doit donc quitter le pouvoir». Le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, a enfoncé le clou. Il a jugé que les jours d'El Gueddafi à la tête du pays étaient comptés et qu'il convenait dès à présent de préparer l'après-conflit. «Le temps est venu de planifier pour le jour où le conflit s'arrêtera. El Gueddafi appartient à l'histoire», a-t-il dit, en estimant que l'ONU aura «un rôle de pointe» en Libye dès le cessez-le-feu. «La question n'est pas de savoir s'il (Gueddafi) partira, mais quand. Cela pourrait prendre plusieurs semaines mais cela pourrait aussi survenir demain et, s'il part, la communauté internationale se doit d'être prête», a dit M. Rasmussen. Mardi, le guide libyen a, une nouvelle fois, rejeté les appels à partir. «Malgré les bombardements, nous ne nous soumettrons jamais», a déclaré le colonel El Gueddafi, dans un message audio, diffusé par la télévision libyenne le jour où l'OTAN a mené ses raids les plus durs sur Tripoli depuis le début des opérations internationales, le 19 mars. L'Alliance atlantique sur le pied de guerre Selon le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, «l'OTAN a mené une attaque haineuse sur Tripoli qu'il a frappé avec plus de 60 bombes». Il a ajouté que ces raids avaient fait 31 morts et «des dizaines de blessés». Pour sa part, l'OTAN a dit, hier, ne pas être en mesure de confirmer la réalité du bilan donné par le régime libyen, tout en déplorant la mort éventuelle de civils. Lors de la réunion des ministres, qui s'achèvera demain, M. Rasmussen entend demander aux pays alliés les moins engagés en Libye d'en faire davantage pour en finir avec le régime de Tripoli. Cependant, aucune promesse de ce genre n'a été faite durant le déjeuner de travail, a déclaré la ministre espagnole, Carme Chacon, à la presse. Son pays, de même que les Pays-Bas et la Suède, non membre de l'OTAN, a déployé des avions pour contrôler la zone d'exclusion aérienne en Libye, mais leur a interdit d'élargir leur mission à des bombardements. Seuls neuf pays (huit de l'OTAN – Belgique, Canada, Danemark, Etats-Unis, France, Italie, Norvège et Royaume-Uni plus les Emirats arabes unis – participent aux frappes et cela pèse sur leurs finances déjà mal en point, et, à l'exception des Américains, sur leurs stocks de munitions peu abondants.