Faouzi Ben Brahim était le plus jeune metteur en scène au sixième Festival national du théâtre professionnel (FNTP). Passage réussi puisqu'il a été consacré meilleur metteur en scène pour la pièce Mostanquâa Al Dhiaab (Le marécage des loups) produite par le Théâtre régional de Batna. -Etait-il facile pour vous de diriger des comédiens plus âgés que vous ? C'était difficile sur le plan humain, pas professionnel. Sur ce dernier plan, j'ai mes méthodes. J'ai assez d'expérience pour travailler sur mon texte et faire passer mes idées aux comédiens. Il est vrai que j'étais le plus jeunes parmi les comédiens et techniciens de la pièce Mostanquâa Al Dhiaab (Le marécage des loups). J'ai fait confiance à l'équipe que j'ai choisie. C'était réciproque en tous cas. Je peux dire que l'ambiance était magnifique lors du montage de la pièce. Cela nous a aidés à bien travailler loin de tout stress. Je cherchais quelque chose de simple pour offrir une création soignée au public. Pour moi, le théâtre, c'est d'abord partager le plaisir avec le public et entre nous - comédiens, metteurs en scène, scénographes. Après la représentation, lors de ce festival, le public est sorti satisfait de la salle. C'est un grand honneur pour moi. -Pourquoi le choix du texte du dramaturge suisse Friedrich Dürrenmatt, «Franck 4» ? J'ai lu ce texte il y a deux ans. J'étais attiré par les relations humaines évoquées dans ce texte. Il y a aussi cette forte dramaturgie. Il est vrai qu'à l'origine c'est un opéra. Nous avons éliminé les chansons de la pièce. Dommage. Nous n'avons pas les moyens pour le faire. J'ai fait le maximum pour garder le noyau du texte. Je voulais transmettre un certain message à travers l'adaptation à la scène. Pas forcément celui relatif au conflit entre générations, mais au problème entre les générations et le décalage. Cette idée est contenue dans le texte. Les jeunes qui arrivent au théâtre ont aussi quelque chose à donner. Beaucoup sont dans l'ombre, il faut leur donner la chance de paraître. -«Play», «Pause», a-t-on vu dans la pièce Mostanquâa Al Dhiaab (Le marécage des loups), c'était osé de votre part. Non ? Quand je suis convaincu d'une idée, je n'hésite pas à foncer. Je n'ai pas peur. Si j'inscris ma pièce dans une école précise, comme le réalisme, il est possible d'hésiter. La peur d'aller vers une autre école, sans le savoir, cela peut être considéré comme une erreur. Lors que j'adpate un texte, je refuse de me ligoter par un mode, une école ou un style donné. Je laisse mon imagination fonctionner. Après, je fais le tri. Pendant le montage de la pièce Mostanquâa Al Dhiaab , j'ai supprimé certaines choses comme cette scène de musiciens jouant en live. Nous n'avions pas assez de moyens pour concrétiser cette scène. -Vous êtes déjà sur d'autres travaux, nous a-t-on dit… Oui, il y a des discussions, mais je n'ai pas encore décidé. J'aime bien choisir mes textes et mes comédiens. Je ne travaille pas par obligation, mais par plaisir. -Le jury du Festival national du théâtre professionnel a été très critique sur les pièces qui étaient en compétition. Partagez-vous ces critiques ? Le jury a raison. Il est important de faire une présélection des pièces avant la compétition officielle. Les théâtres régionaux doivent choisir leurs textes avant de se lancer en course. Il est important de faire des recherches. C'est un festival professionnel. Aussi, faut-il être à la hauteur face au public. Déjà, chez nous, c'est rare de voir du théâtre avec toutes les règles requises. On ne voit que la dramaturgie, pas le drame. Un montage d'une pièce ne doit pas se faire en un mois et demi. On doit prendre son temps. Il faut éviter le dialogue direct, le discours sur scène, le rire provoqué. J'ai travaillé sur le grotesque, mais je n'ai pas cherché la comédie. C'est la situation elle-même qui est comique.