Les jeunes de la wilaya de Ouargla ne décolèrent pas. Ils exigent non pas d'être écoutés par les responsables, mais des solutions efficaces à leur unique problème : bien évidemment le chômage. Leurs représentants squattent les entrées des sièges de la daïra de Hassi Messaoud et de la wilaya de Ouargla. Ils s'y relaient en permanence depuis deux mois et entendent y rester aussi longtemps que les autorités demeurent aphones à leur revendication. Le plus frappant est l'indifférence à la détresse de ces chômeurs qui occupent la rue sous un soleil de plomb avec leurs banderoles. Aucune violence ou interdiction ne leur est imposée par les pouvoirs publics, mais les chômeurs désespèrent de voir un jour une réaction positive aux rapports transmis au directeur de l'emploi, au wali de Ouargla, au ministre du Travail ou même au président de la République. Seule réaction face à cette indifférence est un retour aux actes désespérés. C'est dans ce contexte que s'inscrit le blocage de la route des poids lourds de Saïd Otba, mardi dernier, puis l'attaque du siège de la 6e sûreté urbaine située en plein cœur de ce quartier tentaculaire. Projectiles, cocktails Molotov d'un côté, bombes lacrymogènes et tirs de balles de l'autre. Le comité de défense des droits des chômeurs de la wilaya avance le chiffre de 3000 demandeurs qui sont régulièrement refoulés du système d'embauche instauré par l'Agence nationale de l'emploi (ANEM). 10 000 demandes d'emploi Selon les statistiques officielles de la direction de l'emploi de la wilaya, l'offre d'emploi annuelle dans la wilaya de Ouargla est de 19 000 postes et le nombre officiel de cartes de demandeurs d'emploi s'élève à 10 000. C'est sur cette base que la revendication s'est organisée. Car si l'offre est de 19 000, que le nombre de cartes reconnues est de 10 000 et que la demande pendante est de 3000 (ceux qui bénéficient de bulletins ANEM fictifs et reviennent bredouilles à chaque test), pourquoi ne réussit-on pas à placer tous les demandeurs et en finir avec l'embrasement social ? Par ailleurs, pourquoi s'obstine-t-on à refuser de rendre publics les résultats des différentes enquêtes diligentées par le ministère du Travail à propos du dossier de l'emploi ? Pourquoi refuser une enquête judiciaire sur les agissements des différents acteurs de ce secteur, si l'administration n'a rien à se reprocher ? Pourquoi s'obstine-t-on à éluder la question de la formation professionnelle dans les métiers du pétrole pour les enfants des régions pétrolières ? Et enfin, si toutes les instances chargées du dossier de l'emploi, les sociétés nationales et multinationales compris, ont raison et que ces jeunes chômeurs, dont la contestation ne s'essouffle pas depuis 7 ans, ont tort, pourquoi ne pas mettre un terme à cette polémique ? Harassés par des années de lutte sans résultat tangible, les jeunes en veulent aux autorités locales et à la police de ne rien entreprendre pour apaiser la situation et d'être indifférents à leur drame. Aujourd'hui, les chômeurs disent n'avoir plus rien à perdre. C'est la rébellion.