Les privilégiés toujours sur les premières listes des heureux recrutés. Ils étaient nombreux, hier, à tenter une introduction chez le wali, des chômeurs ayant un bagage universitaire, rien d'anormal pour un jour de réception dans une administration publique. Il ne se passe plus un jour sans que les chômeurs de Ouargla sortent dans la rue. Devant l'agence de l'emploi, à l'occasion d'un reportage initié par la station régionale de l'ENTV, devant le siège de la wilaya ou celui de la daïra, ils ne cessent de se rappeler au bon souvenir de l'administration qui n'a rien de concret à leur offrir pour le moment. Ils dénoncent leur éternel chômage dans une wilaya aux potentialités immenses. «Une wilaya qui dort sur le pétrole, des jeunes affamés», «Diplômés ou pas, c'est la même galère». Des chômeurs diplômés, voire surdiplômés, se sont joints à ceux possédant une qualification moyenne, voire inexistante, au mouvement de contestation qui occupe désormais la rue. Et tous ne décolèrent pas. Détresse, désespoir, peur de l'avenir, exaspération de voir toujours les mêmes passer de l'autre côté de la barrière, et eux d'être toujours du mauvais côté. Les revendications des jeunes Ouarglis sont les mêmes : une restructuration complète du dispositif de recrutement géré par l'ALEM, l'affectation d'un personnel et des dirigeants compétents et plus humains, plus sensibles et respectueux. Le dossier de l'emploi, tel qu'il se profile aujourd'hui à Ouargla, ne laisse pas entrevoir une issue dans un proche délai. De loin et à froid, la situation peut montrer des facettes positives. Des instances chargées de recevoir et afficher les offres d'emploi ouvrent leurs portes chaque jour. Les offres ne sont pas des moindres et peuvent théoriquement répondre à la demande locale qui est de 12 000 demandeurs par an, alors que l'offre dépasserait les 18 000 par an, selon les déclarations officielles.La direction de l'Agence locale de l'emploi (ALEM) souligne qu'elle a réussi le pari de faire embaucher de plus en plus de chômeurs de la wilaya de Ouargla, durant les trois dernières années. L'ALEM voit d'un mauvais œil les critiques des chômeurs et leur tendance à refuser systématiquement de travailler dans certaines entreprises. De leur côté, les jeunes estiment que les postes fortement rémunérés avec des contrats à durée indéterminée bénéficient aux privilégiés et les miettes aux pauvres. Par privilégiés, ils entendent les enfants des cadres bien placés de Sonatrach qui sont recrutés sur injonction téléphonique et sont les seuls à rentrer par la grande porte lors des soi-disant tests d'embauche organisés pour jeter de la poudre aux yeux. Au-delà des rapports et de la protestation, que reste-t-il de ce dossier que nous suivons depuis 2004 ? La détresse humaine et une jeunesse qui se fane en étant adossée aux murs.