Une large campagne de dépistage ciblé touchera, jeudi 22 décembre 2005, plus de 50 000 personnes de 18 wilayas de l'Est. Cette opération d'envergure, devant mobiliser de gros moyens humains et matériels, est une première à l'échelle nationale. Le ministre de la Santé ayant instruit les responsables du secteur, est partie prenante dans cette campagne réalisée avec le concours de nombreux laboratoires, tels Lifescan, Novo Nordisk, Mersck santé, MSD, Sanofi Aventis, BMS et Fournier. Cette action est l'aboutissement de la formation médicale continue ayant touché, en 2004 et 2005, plus de 150 médecins généralistes désormais outillés pour prendre, et efficacement, en charge le diabète de type 2, alors que le type 1 est exclusivement réservé aux médecins spécialistes. Encouragé par les expériences réussies ces dernières années à Batna, Biskra, El Oued et Sétif la pionnière en la matière à l'échelle nationale, le réseau du diabète de l'Est se lance donc dans une bataille faisant l'objet d'une mobilisation générale du personnel médical et paramédical, de pharmaciens et du mouvement associatif. Le nombre des dépistés variera d'une région à une autre. Les prévisions des praticiens, qui tablent sur une moyenne de 4000 personnes par wilaya, atteindront vraisemblablement les 80 000 cas. Les structures de la santé (hôpitaux, polycliniques, centres et salles de soins), les associations de diabétiques, les pharmacies, les lieux publics et de travail (les entreprises et autres) seront à l'occasion les lieux du dépistage ayant fait l'objet d'une large campagne d'information et de sensibilisation. Pour le professeur Malek, chef du service de médecine interne au CHU de Sétif et coordinateur d'une telle entreprise, « cette démarche est une bonne opportunité pour le diagnostic précoce, la prise en charge des cas de diabète méconnu et la découverte des prédiabètes. Elle sensibilisera davantage tous les acteurs pour rendre le dépistage une action pratique courante chez les personnes à risque. Et ce n'est qu'à ce prix qu'on réduira l'incidence des diabétiques méconnus ». Le spécialiste tient à préciser que « le diabète est une maladie silencieuse. Cette approche nous permet de gagner du temps, sachant que le diagnostic est le plus souvent posé en retard, pouvant atteindre facilement les sept années. Un diabétique sur deux ne sait pas qu'il est atteint. Compte tenu de ces paramètres, le dépistage ciblé pouvant sauver des vies humaines est impératif ». Ce contrôle « inopiné », consistant, faut-il le rappeler, en un prélèvement d'une goutte de sang du doigt d'un sujet à jeun, sera, selon le professeur Malek, suivi pas d'autres étapes : « Des convocations préétablies seront remises aux personnes ayant une glycémie capillaire. Pour bien appliquer les critères de diagnostic du diabète, un deuxième contrôle de la glycémie veineuse s'impose. Le tout sera consigné dans des fiches s'apparentant à des feuilles de route du praticien. » Il convient de souligner que cette campagne, qui est chapeautée par des professeurs et spécialistes de renom des quatre CHU de l'Est, à savoir Constantine, Batna, Annaba et Sétif, fera, nous dit-on, tache d'huile à travers les autres régions du pays d'autant que le diabète est un problème de santé publique majeur, touchant environ 1,5 million d'Algériens, soit 6% à 10% de la population âgée de plus de 35 ans.