Sans être nommément cité, le groupe Cevital a pourtant été au cœur des interventions des députés du Parti des travailleurs qui lui reprochent d'avoir remplacé le monopole étatique par un monopole privé. Des critiques qui se sont accentuées après les émeutes de janvier dernier. Youssef Tazibt, représentant de la formation politique de Louiza Hanoune explique dans une déclaration à El Watan Economie qu'il ne s'agit nullement «d'un acharnement», mais plutôt d'une «réalité». «Ce qui s'est passé en janvier dernier était une provocation et tout le monde a découvert que le marché du sucre et de l'huile est entre les mains de groupes privés puissants dont un représente 60% à 70% du marché», affirme le député. Et d'ajouter «nous voulons que ce monopole disparaisse comme c'est le cas pour les céréales et pour un certain nombre de produits de large consommation». Une situation de monopole qui n'en est pas une puisque 25% à 30% du marché de l'huile et environ 20% du marché du sucre échappe au groupe d'Issad Rebrab.Ce dernier s'est d'ailleurs défendu d'exercer un quelconque monopole, après avoir été clairement accusé par le gouvernement au lendemain des émeutes de janvier. Le ministre du Commerce avait rectifié le tir dans la foulée en admettant publiquement qu'il «n'y a aucune situation de monopole mais juste une situation de dominance qui n'est pas interdite par la loi». Lorsqu'un opérateur «dépasse 45% de parts de marché, on parle d'une position dominante et en cas d'abus de cette position dominante, il revient aux concurrents de protester auprès du Conseil de la concurrence, un organisme malheureusement gelé actuellement», selon le ministre Benbada. Monopole ou pas, cela n'a pas empêché le gouvernement de décider de mesures de soutien aussi bien pour les importateurs que pour les producteurs du secteur. Mécontent, M. Rebrab accuse «un lobby puissant des importateurs» qui seraient derrière la prise de ces mesures. Pour un monopole sur le commerce extérieur Le PT est également contre ces mesures, mais pas pour les mêmes raisons. «Nous pensons que ceux qui détiennent le monopole dans ce secteur et qui sont versés dans l'informel ont fomenté les troubles de janvier», nous dit M. Taâzibt. Le fait que le gouvernement ait répondu en prenant des mesures en faveur de ces opérateurs est assimilé à «une sorte de prise d'otage de l'Etat par ces groupes puissants et ces lobbys dont le gouvernement a cédé à tous les desiderata», ajoute-t-il. Le député considère qu'«en réalité, il n'y a pas de production de sucre et de l'huile dans notre pays, il y a de la transformation, d'où la nécessité de revenir à la base c'est-à-dire par exemple à la culture de la betterave sucrière qui a donné de bons résultats dans les années 1970 et à la graine oléagineuse pour ce qui est de la production d'huile». C'est une question de «sécurité alimentaire qui elle-même renvoie à la sécurité nationale». Le parti de Louiza Hanoune estime que l'Etat doit subventionner la production plutôt que «l'importation et la transformation» et pour ce faire les entreprises publiques du secteur qui ont été privatisées ou fermées doivent être «rouvertes», selon M. Tazibt. L'idée est qu'il s'agit là de deux produits de base de large consommation qui implique que «l'Etat reste présent» et pourquoi pas à travers «la création d'un office national de l'huile et du sucre pour réguler le marché», à l'instar de ce qui est fait pour le lait ou les céréales. Pour le député du PT, «l'Etat ne doit pas laisser des secteurs stratégiques entre les mains de groupes privées parce que c'est dangereux». Cela d'autant que l'Etat a «aujourd'hui les moyens financiers d'avoir une politique conforme aux intérêts nationaux». M. Taâzibt va encore plus loin se disant pour «le retour au monopole sur le commerce extérieur». A défaut, conclut-il «il faut qu'il y ait un cahier, une régulation de ce secteur avec une présence accrue de l'Etat».