Les dirigeants des deux principaux mouvements palestiniens, le Fatah et le Hamas, se réuniront aujourd'hui dans la capitale égyptienne, Le Caire, pour discuter de la mise en place d'un gouvernement d'union indépendant et technocrate. Et cela, conformément à l'accord de réconciliation conclu le 4 mai. Ce gouvernement a pour mission de gérer la transition et de préparer les prochaines élections. Des divergences entre les deux parties apparaissent quant au choix du chef du gouvernement d'indépendants. Le Fatah propose à ce poste le Premier ministre, Salam Fayyad, qui bénéficie de la confiance de la communauté internationale. Cependant, le Hamas rejette la candidature de Fayyad. «Le Hamas a déjà informé le Fatah au cours de leur dernière réunion» les 16 et 17 mai au Caire, qu'il «rejette le choix de Salam Fayyad», a indiqué son porte-parole à Ghaza, Sami Abou Zouhri. Le même responsable ajoute que «tout chef de gouvernement doit être choisi par consensus». Le choix de Fayyad rassurerait la communauté internationale sur l'orientation du gouvernement d'indépendants, bien que le mandat de celui-ci se résume à organiser des élections d'ici mai 2012 et à engager la reconstruction de la bande de Ghaza, détruite par l'opération israélienne Plomb durci de décembre 2008-janvier 2009. Le président américain Barack Obama a qualifié le 22 mai la réconciliation entre le Fatah et le Hamas d'«énorme obstacle à la paix».De son côté, Israël, qui refuse de «négocier avec un gouvernement soutenu par la version palestinienne d'Al Qaîda» (allusion au Hamas) a retardé la rétrocession, en mai, des fonds qu'il perçoit pour le compte de l'Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas a déclaré plusieurs fois que l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) qu'il préside est le représentant officiel du peuple palestinien. Elle est seule ainsi habilitée à mener les négociations de paix avec Israël, alors que le Hamas ne fait pas partie de cette organisation. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont conclu récemment que les Palestiniens sont en mesure de gérer un Etat. Un éloge pour Fayyad. En cas de blocage persistant sur son nom, un candidat de compromis pourrait néanmoins émerger. Le 30 mai, le président du Fonds d'investissement de Palestine et conseiller économique de Mahmoud Abbas, Mohammad Moustapha, n'a pas exclu d'assumer les fonctions de Premier ministre si elles lui étaient proposées. Le Fatah et le Hamas, ainsi que d'autres factions palestiniennes, ont signé le 4 mai au Caire un accord de réconciliation mettant fin aux divisions internes et renforçant l'unité et la cohésion des rangs palestiniens. Cet accord prévoit la formation d'un gouvernement technocrate en vue d'élections présidentielle et législatives d'ici à un an, ainsi que la création d'un Haut conseil chargé de restructurer les forces de sécurité palestiniennes. L'accord porte aussi sur une réforme de l'OLP, la création d'une commission électorale et la libération de détenus du Fatah et du Hamas. Cela dit, même si les deux parties aboutissaient à un accord sur la personnalité qui occupera le poste de chef du gouvernement transitoire, la communauté internationale dressera un autre défi aux deux factions. A savoir convaincre le Hamas à reconnaître l'Etat d'Israël, respecter des accords signés jusque-là avec Tel-Aviv et renoncer à l'action armée, sachant que les grandes puissances considèrent le mouvement de Khaled Machaâl comme une organisation terroriste. Hier, le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, s'est prononcé, à Ghaza, pour la formation du gouvernement palestinien d'indépendants que négocient le Fatah et le Hamas, jugeant «important» qu'il reconnaisse Israël et respecte les accords signés. «Nous soutenons un gouvernement d'unité en Palestine, mais il est très important que ce gouvernement reconnaisse le droit d'Israël à exister et les accords antérieurs», a déclaré J. Buzek au début d'une visite de quatre jours dans les territoires palestiniens et en Israël. Il a estimé nécessaire que «le nouveau gouvernement d'unité se tienne à l'écart des négociations» avec Israël et soit placé sous l'autorité du président Mahmoud Abbas.