Les pouvoirs publics ont montré leurs limites quant à la sécurisation et la réorganisation de ces espaces qui se dégradent dans l'indifférence totale. Une anarchie totale caractérise désormais les souks et autres marchés à Annaba-ville et sa banlieue. Elle est traduite par la multiplication de commerces informels à travers tous les quartiers de la cité, dont le cadre de vie subit un grand préjudice. «L'intervention visant l'éradication des marchés informels a, certes, permis la libération de plusieurs places publiques, mais reste insuffisante», estiment les habitant de la ville du Jujube. C'est le cas de le dire, puisque les vendeurs à la sauvette ne croient plus à la fermeté des autorités locales et jouent la carte du temps. En effet, dès qu'ils constatent une baisse de vigilance des agents de l'ordre, ils n'hésitent pas à réinstaller leurs étals et charrettes de fruits et légumes ou d'ustensiles et effets vestimentaires. «A la cité de la Plaine Ouest ou celle du 11 Décembre 1960, les charrettes sont omniprésentes. Les vendeurs à la sauvette quittent les lieux dès l'arrivée des policiers pour réinvestir les lieux juste après le départ de ces derniers, notamment en fin d'après midi», a-t-on constaté. Baisse de vigilance également aux différents marchés de la ville où les pouvoirs publics ont montré leurs limites à réorganiser et sécuriser ces espaces très fréquentés qui continuent de fonctionner dans l'indifférence des uns et des autres. Les marchés les plus importants de la ville, en l'occurrence El Hattab et celui couvert, dit «Francis», en sont la parfaite illustration. Ces deux sites névralgiques, situés en plein centre-ville, sont depuis quelques mois squattés par des délinquants qui agressent quotidiennement les passants. Datant de la période coloniale et conçues pour approvisionner un nombre limité de citoyens, ces infrastructures sont devenues aujourd'hui exiguës et inadaptées à la nouvelle donne démographique. La dégradation très avancée du marché El Hattab fait que, durant l'hiver, celui-ci se transforme en véritable marécage, rendant difficile la circulation parmi les étals. Malgré les 30 millions de dinars dégagés en 2009 pour sa réhabilitation, le marché couvert n'a enregistré aucun aménagement à la hauteur de sa renommée. «Où sont passées les enveloppes financières destinées à la rénovation des marchés de la ville ?» s'interrogent les citoyens annabis. Qualifiées de ventre de Annaba, ces structures commerciales n'offrent pas un cadre idéal pour le consommateur, qui doit supporter une odeur nauséabonde se dégageant à longueur de journée dans ces lieux devenus insalubres.