Huit novembre 2005. Coup de tonnerre dans le ciel libérien, encore obscurci par des années de guerre civile. Les Libériens élisent à la tête de la magistrature suprême une femme, Ellen Johnson Sirleaf, 68 ans, contre un rival, tout aussi « propre » car n'étant pas impliqué dans les luttes meurtrières, livrées par les milices armées, en l'occurence Georges Weah, ancienne star du football mondial. Le secrétaire général de l'ONU, Koffi Annan, s'empresse de féliciter « chaleureusement » l'économiste Ellen Johnson Sirleaf, vainqueur du scrutin présidentiel au Liberia et première femme présidente d'un Etat africain. L'une des plus anciennes républiques d'Afrique, le Liberia était tombé dans l'instabilité au début des années 1980, après le coup d'Etat de Samuel Doe, puis une guerre civile a démarré en 1989. En 1995, les élections présidentielles avaient vu la victoire d'un chef de guerre, Charles Taylor. Une rébellion dans le nord du pays et la pression internationale pour faire cesser le soutien du Liberia à la guerre civile en Sierra Leone avaient conduit Charles Taylor à démissionner en 2003, puis à partir en exil au Nigeria. Près de 250 000 personnes sont mortes au cours de la guerre civile qui aura duré 14 ans. Une guerre atroce marquée par une grande violence contre les populations civiles, des violations graves des droits de l'homme, le recours aux enfants soldats et le pillage systématique des ressources du pays. Elle tente de faire partager sa victoire avec le maximum de ses compatriotes, en donnant le ton : « Ce jour marque le début d'un nouveau voyage dans l'histoire de notre nation, une histoire qui a un sens au-delà de ses frontières : l'élection de la première présidente démocratiquement élue d'Afrique ». Veuve et mère de 4 enfants, celle qu'on appelle déjà la Dame de fer est issue de l'élite américano-libérienne, esclaves affranchis, qui ont bâti le Liberia en 1847 pour en faire la première République du continent. Economiste de formation, diplômée de Harvard, elle a travaillé pour les Nations unies et la Banque mondiale. Ellen rejoint ainsi le club des femmes d'Etat à l'instar de la 1re chancelière allemande de l'histoire, Angela Merkel, élue en 2005, et celles qui sont en fonction depuis quelques années comme Vaira Vike Freiberga, présidente de la Lettonie, la présidente d'Irlande, Mary Mc Aleese, Tarja Kaarina Halonen, présidente de la Finlande, la présidente philippine Gloria Macapagal Arroyo, Chandrika Kumaratunga, présidente du Sri Lanka et Megawati Sukarnoputri, présidente de la République indonésienne.