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A 68 ans, elle bat Weah et devient la première femme africaine chef d'Etat
Ellen Johnson Sirleaf Une dame de fer pour le Liberia
Publié dans El Watan le 01 - 12 - 2005

« Quelle que soit la durée de la nuit, le soleil apparaîtra. » Adage populaire
Dans son minuscule bureau, QG de sa campagne, elle a le triomphe modeste. A ses lieutenants qui venaient l'informer du « chahut » causé par les partisans de son rival, Weah, contrariés par les urnes, elle a eu ces mots : « Laissez-les s'époumonner.
Ils finiront bien par s'essouffler et revenir à la raison. Ensemble, nous mettrons la main dans la main pour construire un Liberia plus juste, plus fort. » Paroles sages qui mettent un peu de baume dans un pays tourmenté. Avec 60% des suffrages, Ellen a distancé Weah à peine 40% des voix, et qui partait favori pour avoir survolé le premier tour, mettant au pas ses 21 concurrents. Cette fois-ci, King George a perdu son match, et même s'il consent à faire des réserves, il sait qu'il a perdu la partie, se rendant à l'évidence que ses compatriotes ont préféré la raison au cœur en jetant leur dévolu sur Ellen Johnson Sirleaf, devenue la première femme chef d'Etat en Afrique.
La dame de fer
67 ans, veuve et mère de 4 enfants, elle est issue de l'élite américano-libérienne, esclaves affranchis, qui ont bâti le Liberia en 1847 pour en faire la première République du continent. Economiste de formation, diplômée de Harvard, celle que l'on surnomme la Dame de fer a travaillé pour les Nations unies et la Banque mondiale. « Cela aurait été terrible qu'une personne si éduquée et si compétente perde face à une simple footballeur », s'est interrogé un des candidats malheureux du premier tour. Entrée en politique en 1972, Ellen en a certainement vu des vertes et des pas mûres dans un pays ravagé par 14 ans de guerre civile (1989-2003) avec son lot de 200 000 morts et où stationnent encore quelque 15 000 casques bleus chargés de s'interposer entre les nombreuses factions rivales. Dans une Afrique qui a de la peine à surmonter ses crises, dont le bilan est loin d'être reluisant depuis les indépendances où la corruption le dispute aux guerres, l'intrusion de cette femme est perçue comme une lueur d'espoir, une raison de croire enfin au renouveau. Ses premières pensées vont à ses sœurs africaines. « Les femmes du continent tout entier sont prêtes à se réjouir de cette victoire. C'est une grande porte ouverte pour elles, et je suis très heureuse d'être celle qui va ouvrir la porte. » Une confession qui a dû réjouir les milliers de femmes africaines connues pour leurs luttes quotidiennes, mais souvent marginalisées... Figure emblématique du Liberia, elle a été ministre des Finances sous la présidence de William Tolbert, destitué en 1980 par le sergent Samuel Doe. Elle a dû quitter le pays pour échapper à la purge post-coup d'Etat. Sa réputation et son parcours sont entachés par son soutien au chef de guerre Charles Taylor dans la rébellion contre Doe. Un écart pour lequel elle dit « nourrir un sentiment de culpabilité ». Cette tâche noire, Weah, l'a exploité à fond, pour la discréditer aux yeux des électeurs, en vain. En fait, Ellen marquera une certaine indulgence à l'égard du chef de guerre Taylor, car il avait osé défier Doe. Les concessions faites à ce tyran, mais aussi le compagnonnage au second tour avec l'épouse de Taylor auraient pu atténuer l'éclat de la victoire de Sirleaf. Mais cela n'a eu aucune incidence. Les Libériens se sont peut-être rappelés qu'elle a été candidate contre ce même Taylor en 1997 et qu'elle n'a récolté que 25% des suffrages. Depuis, elle a rejoint l'opposition pour se façonner une image moins répulsive du fait de son éloignement de son pays, pendant de longues années. D'ailleurs, dans ses déclarations publiques, elle n'y va pas avec le dos de la cuillère. « Je suis là pour mettre un terme à un régime brutal et corrompu, dominé par les hommes. » A la propos de sa victoire qu'elle tente de faire partager avec le maximum de ses compatriotes, elle donne déjà le ton : « Ce jour marque le début d'un nouveau voyage dans l'histoire de notre nation, une histoire qui a un sens au-delà de ses frontières : l'élection de la première présidente démocratiquement élue d'Afrique. » Puis, en guise de conseil, elle lance un appel que les « ‘machos » pourraient qualifier de féminisme pur et dur. « J'espère que les femmes saisiront ce moment pour jouer un rôle actif dans les affaires politiques et civiles ici et à l'étranger. »
Contre Samuel Doe
Passionnément impliquée dans la vie politique de son pays et bien que descendante de l'élite « Kongo » du nom des anciens esclaves, venus des Etats-Unis fonder le Liberia en 1822, elle a très tôt dénoncé les privilèges exercés au détriment des « natives » (autochtones) par cette caste de « nobles ». Femme de combat, elle s'est opposée avec courage à la dictature imposée par Samuel Doe, arrivé au pouvoir en 1980, qui l'a fait emprisonner. Libérée, elle se rallie à celui qui le renverse, Charles Taylor, un seigneur de la guerre qui a saigné son pays pendant plus de dix ans, exilé au Nigeria depuis 2003. Des organismes des droits de l'homme et le TPI exigent que Taylor soit rapatrié afin d'être jugé sur les atrocités commises. Taylor est soupçonné d'orienter en sous-main la politique menée par la nouvelle présidente. Elle s'en défend, évidemment. « Dans le passé, assure-t-elle à l'hebdomadaire britannique Newsweek, j'ai été perçue comme quelqu'un de volontaire, de strict. Mais aujourd'hui, ma préoccupation est plutôt d'être une mère pour le Liberia. Je veux soigner les blessures de cette nation, surtout celles de sa jeunesse. Il faut bien que quelqu'un s'en occupe tendrement. Il faut bien que quelqu'un lui fasse comprendre qu'elle est aimée. » Bonne joueuse, elle a remercié George Weah, auquel elle a proposé un portefeuille dans son futur gouvernement s'il le souhaite peut-être comme ministre des Sports. « Si l'ancien Ballon d'or 1995 accepte cette offre, ce sera un signal fort, la réconciliation entre tous les Libériens sera scellée et l'unité nationale sera sauvegardée », affirme un ancien diplomate en poste à Monrovia.
Un sous-sol très riche
Le Liberia est un petit pays avec un peu plus de 3 millions d'habitants. La pauvreté a atteint un seuil intolérable. Pourtant, le pays recèle des richesses importantes. Le sous-sol libérien, à l'instar de ceux de la Guinée et de la République démocratique du Congo, est riche. Il renferme de l'or, du diamant, de la bauxite, de la baryte, mais encore faut-il tenir compte des prédateurs de tout poil qui, malgré les affres de la guerre, n'ont jamais arrêté de piller le pays. A ceux qui doutent de ses capacités de battante, Ellen répond sûre d'elle : « Je ne redoutais rien. J'ai toujours essayé d'être fidèle à moi-même et de me battre pour ce en quoi, je crois. » Une réponse aux pessimistes parmi ses concitoyens. Des défis cruciaux attendent ce pays d'Afrique de l'Ouest regorgeant de ressources naturelles, mais où tout reste à construire. Placé sous une tutelle économique et financière internationale que la nouvelle chef de l'Etat veut écourter, le Liberia est loin de s'être débarrassé de ses démons. Certes, l'ex-parti de Charles Taylor, le Parti patriotique national (NPP) est à l'agonie, mais de nombreux criminels de guerre ont rallié les diverses formations politiques dans l'espoir d'échapper à la justice internationale.
Des défis immenses
Un défi que Ellen devra relever, de même qu'elle devra soulager les souffrances des Libériens. Le taux de chômage est actuellement de 80%. La plupart des trois millions d'habitants sont illettrés et des centaines de milliers de personnes vivent encore dans des camps de réfugiés. Les infrastructures de base ont été fortement endommagées lors de la guerre civile. Ellen devra réinsérer socialement des centaines de milliers d'enfants soldats, rétablir l'eau, l'électricité, les routes, redonner confiance à la population. Un immense programme... Ce qu'elle ne cesse de répéter, c'est qu'elle veut tendre la main aux anciennes factions rebelles et aux enfants soldats des rues de Monrovia. Bien des défis attendent Madame la présidente, mais au vu de son parcours, elle est assez armée pour surmonter les obstacles. Rescapée du régime du président Tolbert, n'a-t-elle pas mérité son titre de « Ironlady », c'est-à-dire une Dame de fer. Lorsqu'elle prendra officiellement les rênes du pays en janvier prochain, Ellen Johnson Sirleaf dirigera la plus ancienne République d'Afrique. L'Afrique de la présidente Ellen rejoint le peloton de tête qui a donné au monde moderne des femmes charismatiques comme Indira Gandhi, Benazir Bhutto, Evita Peron, Corazon Aquino, Thatcher... Avec Ellen, le Liberia rejoint l'Irlande, le Canada, le Pérou, les Philippines, le Sri Lanka, les Fidji où la magistrature suprême est actuellement exercée par une femme.
Parcours
Ellen Johnson Sirleaf a 68 ans. Economiste sortie de Harvard, elle a laissé son empreinte à la City Bank et à la Banque mondiale avant d'atterrir au Programme des Nations unis pour le développement (PNUD) en 1991 pour gérer le département Afrique. A l'appel de détresse de ses concitoyens, elle se présentera sans appui, ni sponsor, en 1997 contre le chef de guerre Taylor. Elle n'obtiendra que 25% des suffrages. Cela ne la découragera pas pour autant puisqu'elle rejoindra l'opposition pour se façonner une autre image d'elle auprès de la population. Opposée à Weah, ancienne vedette internationale du football, Ballon d'or 1995 et star du Milan AC, elle arrivera en deuxième position au premier tour, mais prendra sa revanche au second en obtenant près de 60% des suffrages contre 40 à son malheureux adversaire. La nouvelle présidente devient ainsi la première femme à diriger un pays du continent. Elle a estimé dès la proclamation des résultats que son arrivée au pouvoir marquait une nouvelle ère pour son pays et les femmes du continent africain. Mère de quatre enfants, veuve, Ellen a vécu aux Etats-Unis et dans d'autres pays africains avant de s'établir au Liberia.


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