Ali Yahia Abdennour – qui a animé cette conférence en compagnie de Tahar Besbès, Fadéla Boumendjel-Chitour et Moncef Benouniche – s'est dit convaincu que les réformes politiques engagées par Abdelaziz Bouteflika ne sont qu'une «mise en scène». Maître Ali Yahia Abdennour, l'une des figures de proue de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) a prévenu, hier, lors d'une conférence-débat animée à Alger, du danger qui pourrait découler de l'entêtement du pouvoir à vouloir refuser systématiquement le changement et l'expression libre. «Si l'on ne laisse pas le changement s'opérer pacifiquement, il y a un risque à ce qu'il se produise par la violence», a-t-il soutenu. Toutefois, il a assuré que la CNCD est «un mouvement pacifique qui prône un changement du système en dehors du système et sans le système». Soulignant la nécessité de «tourner la page de la dictature», Ali Yahia Abdennour a fait savoir que la CNCD poursuivra ses actions sur le terrain et qu'elle ne reculera pas devant la répression et les intimidations des forces de sécurité. Visiblement ragaillardi par les «victoires» engrangées ces derniers mois par la CNCD qui a fait «tomber le mur de la peur en Algérie» et celles des sociétés civiles arabes, le président d'honneur de la LADDH a dressé un violent réquisitoire contre le pouvoir qui a fait de l'Algérien un sujet et non un citoyen, l'armée et la police politique qu'il a accusé notamment d'avoir instrumentalisé la justice. Estimant que «l'Algérie indépendante est devenue une copie de l'Algérie coloniale», le conférencier a indiqué que le pays montre aujourd'hui un «tableau triste» et est dans un état de «banqueroute morale très profond». «La crise politique accélérée par les luttes sociales (…) est profonde et de grande ampleur. Ignorer le cri de colère et de détresse des Algériens, c'est préparer l'explosion de demain», a alerté maître Ali Yahia Abdennour. L'orateur s'est néanmoins montré persuadé que «l'ère des systèmes politiques totalitaires se termine (…) et que le mur de l'argent (le moyen grâce auquel le pouvoir parvient encore à se maintenir, ndlr) ne tardera pas à tomber chez nous». Le conférencier ne s'est pas non plus gêné pour dire ce qu'il pensait de la commission Bensalah. Il a d'ailleurs énuméré les raisons qui, selon lui, font que le dialogue du pouvoir finira par échouer. D'emblée, M. Abdennour a rappelé le principe que «le pouvoir ne doit pas être l'organisateur de l'instance de consultation mais seulement un partenaire parmi tous les autres». Selon lui, Abdelkader Bensalah n'est également pas la personnalité indiquée pour mener ces consultations. Au-delà, Ali Yahia Abdennour – qui a animé cette conférence en compagnie de Tahar Besbès, Fadéla Boumendjel-Chitour et Moncef Benouniche – s'est dit convaincu que les réformes politiques engagées par Abdelaziz Bouteflika ne sont qu'une «mise en scène» et une «mascarade» dont le seul but est de gagner du temps et, comme l'a souligné M. Besbès, de faire perdurer le système ou de préparer une alternance clanique. Pour le président d'honneur de la LADDH, la sortie de crise ne peut venir que de l'organisation d'une conférence nationale. Une conférence, a-t-il ajouté, devant avoir pour préalable le rejet de l'Etat théocratique et le respect de la République et de la démocratie. Le professeur Boumendjel-Chitour, qui est longuement revenue sur la problématique soulevée par le dossier des médecins résidents, a, pour sa part, saisi l'opportunité de la rencontre pour soutenir la nécessité de fédérer les énergies «pour provoquer le changement radical». Son appel était adressé particulièrement aux militants du FFS dont les slogans, a-t-elle dit, ne sont pas éloignés de ceux prônés par les organisations activant au sein de la CNCD.