Les animateurs de la Coordination se sont dits satisfaits de l'adhésion populaire qui a marqué les manifestations de samedi dernier. Ce ne sont que des manœuvres !» Les membres de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) se montrent sceptiques par rapport à l'annonce «de réformes politiques» faite samedi dernier par le président Abdelaziz Bouteflika. «S'il (le Président, ndlr) a l'intention d'entreprendre des réformes politiques, il aurait fait cela bien avant. Cela fait 12 ans qu'il est au pouvoir, pourquoi n'a-t-il pas pris cette initiative ? Je pense que ce sont des manœuvres pour casser cette dynamique demandant un changement du système», a estimé Tahar Besbes, député du RCD, lors d'une réunion de la Coordination tenue hier à Alger. Selon lui, la démarche de la CNCD et ses revendications sont claires : elle demande un changement du système en dehors du système. «On ne croit pas à cela. Il a déjà levé l'état d'urgence, mais il a mis en place un état de siège», explique-t-il. Abondant dans le même, le représentant du Parti pour la laïcité (PLD), M. Moulay, insiste sur le départ du système. La solution, dit-il, est «d'enclencher une vraie transition démocratique dans le pays». Pour maître Ali Yahia Abdennour, président d'honneur de la LADDH, le pouvoir «dictatorial ne reconnaît qu'un rapport de force». «Le pouvoir dirige le pays avec les moyens d'une dictature. Seul un rapport de force est en mesure de le contraindre à faire des concessions. C'est pourquoi j'invite ceux qui marchent seuls à rejoindre la CNCD pour former un bloc commun», a-t-il lancé. Des habitants d'El Madania demandent pardon Cette réunion a été marquée par la présence de représentants de la commune d'El Madania, venus présenter leurs excuses aux membres de la Coordination et particulièrement à Me Ali Yahia Abdennour et au président du RCD, Saïd Sadi. «En mon nom et au nom des habitants d'El Madania, je présente des excuses officielles pour ce qui s'est passé le 5 mars dernier (agression de Saïd Sadi). Tous les habitants d'El Madania, toutes tendances politiques confondues, sont contre le geste commis par des baltaguia», a déclaré un représentant de cette commune. Selon lui, les gens d'El Madania exigent le départ du président de l'APC et de son secrétaire général. «Voilà un démenti officiel à cette propagande qui tente de faire croire que la CNCD est rejetée dans les différents quartiers d'Alger», précise Tahar Besbes en annonçant l'adhésion de la coordination d'El Madania à la CNCD. Ensuite, les membres de la Coordination ont fait une évaluation des différentes marches organisées depuis sa création. Ils se disent d'emblée «satisfaits» de l'adhésion populaire enregistrée. «Hier, la CNCD a mobilisé des milliers de personnes dans différentes wilayas du pays. Nous avons donné une réponse claire à ceux qui ne cessent de répéter que la CNCD ne suscite pas la mobilisation populaire. Nous avons réussi à casser l'unanimisme voulu par le pouvoir. C'est un signal fort qui montre que nous devons continuer», souligne Tahar Besbes, précisant que les marches hebdomadaires sont maintenues. «On a pénétré l'Algérie profonde. Ce n'est que le début. Il y a une accélération de l'histoire et c'est la rue qui imposera le changement», souligne-t-il. Tous les intervenants ont abondé dans le même sens, en insistant sur la réussite des actions menées samedi dans les différentes wilayas du pays. Certains d'entre eux ont dénoncé la campagne de parasitage des actions de la CNCD orchestrée par «les services». Afin de mieux expliquer sa démarche, la CNCD décide d'élaborer sa propre plate-forme.