Les postulants aux cent locaux de la comune de Bir Mourad Raïs se sont fait délivrer l'acte de non-affiliation à la CNAS ou à la casnos sans problème. L'affichage de la liste additionnelle des bénéficiaires de locaux à usage professionnel de la commune de Bir Mourad Raïs a suscité un grand étonnement parmi les postulants. La raison : des personnes y figurent alors qu'ils n'y ouvrent pas droit. Des personnes ne devaient pas figurer sur la liste. Si certains travaillent déjà, d'autres ne sont même pas résidentes de la commune. «Le fils du premier vice-président qui travaille à la wilaya déléguée, l'épouse du deuxième vice-président n'habite même pas le territoire de la commune. Le fils du troisième vice-président exerce déjà comme dentiste dans un établissement hospitalier. Quatre avocats agréés à la cour, la fille d'un haut gradé de l'armée, ou encore la deuxième épouse du responsable de la kasma FLN de la commune sont également sur la liste, alors qu'ils ont d'autres occupations. Le cahier des charges pour bénéficier des locaux est pourtant clair : il ne peut bénéficier qu'aux jeunes chômeurs non affiliés à la Casnos ou à la CNAS», assure une source à l'APC. Les jeunes recalés de la liste finale soupçonnent l'existence des complicités à tous les niveaux. «Les postulants se sont fait délivrer l'acte de non-affiliation sans problème. La CNAS et la Casnos octroient la non-affiliation à des gens qui ont déjà un boulot. Le dépôt des dossiers de candidature se fait après au niveau des agences de l'Angem, de l'Ansej et de la CNAC. Ces agences d'aide aux jeunes chômeurs n'y ont vu que du feu. Tout ce beau monde doit être poursuivi pour faux et usage de faux», suggère un postulant qui a vu son nom «rayé» de la liste finale. La commission chargée de la vérification du dossier au niveau de la wilaya déléguée de Bir Mourad Raïs est épinglée : «Les membres de la commission ont agi comme une secte en acceptant les dossiers tels qu'ils ont été présentés, sans vérifier la véracité des dossiers de candidature. L'essentiel est de plaire aux gros bonnets», s'étonne un ancien élu. D'autres griefs sont retenus contre les responsables chargés de la confection de la liste. «L'affichage des listes s'est fait en deux temps. La première liste de 48 locaux a été affichée il y a presque une année, la deuxième de 52 noms a été affichée mardi dernier, assure une source à l'APC de Bir Mourad Raïs. Un tel procédé aurait paru normal si ces locaux ne sont pas dans un même bloc. Les services de l'actuelle wilaya déléguée ont des arrière-pensées. Leur souci, c'est d'en faire bénéficier les enfants des élus et quelques privilégiés de la commune, sans susciter la suspicion chez les chômeurs recalés.»Les protestataires réclament l'annulation de la liste et des poursuites judiciaires contre les concernés et leurs complices, «nombreux dans l'administration et dans les organismes chargés de proposer la liste à la daïra.» Contacté hier, le P/APC de Bir Mourad Raïs, Abderrahmane Habik, plus conciliant, affirme que la liste n'est pas définitive. «Le dépôt des dossiers se fait au niveau des agences ; nous, on étudie seulement les dossiers suivant les besoins de la commune. Maintenant, s'il s'avère que les bénéficiaires, dont certains sont fils d'élus, n'ont pas le droit de figurer sur la liste, on les enlèvera», se contente de dire l'élu sans trop convaincre. «L'APC et le chef de daïra actuel sont au courant de la situation matérielle des bénéficiaires. Ils ne peuvent leurrer personne. Même la rumeur sur la démission du P/APC est une diversion pour occuper les gens», assurent les protestataires qui menacent de bloquer le siège de la commune. Selon une source à l'APC, les gens de Tixeraïne ont bloqué, en fin de semaine, la route pour empêcher le 3e vice président de se rendre chez lui. «Les résidants de Tixeraïne sont contre cette liste où figurent les enfants et les proches des responsables. La wilaya doit sévir et des têtes doivent tomber. Les locaux du Président sont les biens des jeunes chômeurs, pas des gros bonnets», lâche un résidant de la commune, qui s'étonne que l'opération soit faite dans les «salons tapissés de la daïra».