Organisée par l'Etablissement Arts et Culture, cette soirée a drainé un monde impressionnant, constitué notamment de familles tlemcéniennes. Des chaises ont dû être installées au dernier moment aux mélomanes qui ne cessaient d'arriver en masse. Ainsi, ce spectacle dépassait toutes le espérances. A 21h passées, les 14 musiciens, tous vêtus de djellabas immaculées et de babouches, investissent la scène. Sitôt installés, ils entament le prélude par une langoureuse touchia. Quelques minutes plus tard, les lumières s'éteignent totalement pour laisser place au chanteur émérite. Nouri Koufi - guitare en main - rejoint l'orchestre sous des applaudissements nourris venant d'une salle qui attendait ce moment avec impatience. Le maître s'installe, ajuste son instrument et donne le la aux musiciens. Comme le veut la formule d'usage, il commence son répertoire par un salem alikoum, pour souhaiter la bienvenue suivi par Sali houmoumek fi hadda el achiya, achequi fi el zine tallath oua zahra oumerraha. Des titres qui séduisent plus d'un par des mots mesurés et bien interprétés, et une musique mielleuse, voire envoûtante. Transporté dans un monde onirique et de réalité. A travers sa voix cristalline, Nouri Koufi interprétera magistralement un florilège de chansons, telles que Zarni habibi el barrah fi el maname, win n'sibek ouala touahachtek, Y a rabi y a rin el ouyoun el habarra. La salle est charmée à l'extrême. Un sexagénaire se lance dans une danse cadencée, sous les yeux envieux de plusieurs spectateurs. Une dame imite ce pas de danse hors pair. Les plus timides se déhancheront et exhiberont des foulards à partir de leur siège. L'essentiel était d'extérioriser et d'exprimer sa joie. Des youyous stridents retentissent ici et là. L'émotion est à son comble quand Nouri Koufi entonne des el madihs (chants religieux). Baba Salem, Bent El Djazaïr, El caftan El madjboud sont des tubes qui ont suscité admiration et enchantement. A 23h, l'orchestre et l'artiste quittent la scène pour une demi-heure de pause. Le public est un peu « surpris », ne sachant pas trop si c'est la fin du spectacle ou c'est un arrêt momentané. Renseignements pris, il s'agit d'une pause qui dura vingt minutes. Plus revigoré, Nouri Koufi poursuit son répertoire avec Adrouni ya el maâlah, Lalla Malika, Salem aâla ness Tlemcen. Quand il entame une série d'el maddih, le public chante en cœur sous les recommandations du chanteur. En solo où à l'unisson sont chantées El hourm ya Rassoul El Allah, La Ilaha Mohamed Rassoul El Allah, Allah moulana, Zed El nabi ou ferhana bih. Alors que tout le monde désespérait d'entendre l'incontournable chanson Sidi Boumediène. Vers minuit trente, Nouri Koufi lance : « Nous ne l'avions pas programmée, mais nous vous l'a chanterons ce soir. » Dès les premières notes jouées, les lumières des portables, des briquets... et des bougies s'allument. La communion est totale quand la voix de Nouri Koufi viendra couvrir le froid de cette nuit hivernale par Sidi Boumediène et d'autres titres encore tels que Haninaya ya kamar, Ana barrani el barrani. A la fin de la soirée, Nouri Kofi s'est vu remettre par les responsables de l'Etablissement Arts et Culture un bouquet de fleurs, en signe de remerciement et de reconnaissance pour cette soirée unique et festive