Il faut rester dans la tradition et faire en sorte que chaque hommage rendu soit une considération et un repère important pour entretenir le patrimoine légué par les aînés. Trente et un ans, après la disparition du maître de la chanson chaâbi, le chanteur le plus adulé de son temps, Hadj M'hamed El Anka, l'Etablissement Arts et culture, comme à l'accoutumée, fidèle au rendez-vous, ne veut pas rater ce grand rendez-vous avec lequel, s'est créée une tradition. Malgré sa délocalisation se son jardin fétiche le Théâtre de verdure, cette expropriation, à ce jour, injustifiée, n'a vraisemblablement pas altéré son énergie et sa volonté d'offrir au public algérois quelques moments de distraction, d'intellect et de pur plaisir... Les soirées artistiques à la mémoire de Hadj M'hammed El-Anka ne datent pas d'hier, mais, depuis onze ans, dédiées à la mémoire du maître. Pour cette trente et unième année de sa disparition, 31 concerts sont programmés dans 21 communes de la wilaya d'Alger, animés par 70 artistes dont des noms reconnus, et devenus classiques de la scène chaâbie algérienne mais aussi des révélations de ces dix dernières années et par de jeunes talents qui, selon les organisateurs, «assureront la pérennité de cet art, devenu celui de l'urbanité et de la ville par excellence». Ces trois jours seront donc le rendez-vous chaâbi incontestable de l'automne, qui rassemblera les férus de cette musique purement maghrébine qui, loin d'être usée, continue d'attirer les foules et de constituer l'une des richesses inépuisables du patrimoine immatériel algérien. Ils s'inscrivent notamment dans un esprit de continuité cher aux organisateurs qui ont acquis, au cours de ces dernières années, un prestigieux statut d'acteur influent et actif de la scène culturelle algéroise. À l'instar donc du Printemps andalou, des Poésiades d'Alger ou des Journées théâtrales de la ville, l'hommage annuel rendu à Hadj M'hammed El-Anka fait partie intégrante du paysage culturel algérois et ne manque pas, chaque année, de drainer des foules de plus en plus nombreuses. Pour cette édition 2009, un vaste programme est arrêté et couvrira plusieurs communes de la wilaya d'Alger. La soirée d'ouverture aura lieu aujourd'hui à 20h30, au théâtre Deux Moulins (commune de Hammamet), avec Abdelkader Chaou, Djamel Menouar et Youcef Lazizi. L'événement sera abrité par plusieurs maisons des jeunes, salles des fêtes, centres culturels des communes concernées dont celles de Staouéli, Kouba, Draria, Douéra, Saoula, El Biar et Hydra. Parmi les chanteurs qui participeront à cet évènement, nous pouvons citer: Abdelmadjid Meskoud, El-Hadi El-Anka (le fils du défunt), Mourad Djaâfri, Hakim El-Ankis, etc. La soirée de clôture, qui aura lieu au théâtre Deux Moulins, le 21 novembre à 17 h, sera animée par Abdelkader Chercham, Mehdi Tamache, Abdelhak Bourouba, Mohammed Ladoui, Abdelkader Chaou et l'orchestre El-Hadi El-Anka, dirigé d'ailleurs par ce dernier. La constance et la qualité des activités organisées par l'établissement Arts et Culture ne sont plus à présenter. Cette institution s'est imposée comme l'une des rares richesses culturelles sûres de notre capitale. El Hadj M'hamed El Anka de son vrai nom, Aït Ouarab Mohamed Idir, est d'une famille originaire d'Ath Djennad près d'Azzefoun. Il naquit et a grandi à la Casbah. Il a commencé à participer aux fêtes de mariage au sein de l'orchestre de Khioudji, mais sa véritable idole demeurait cheikh Nador dont il s'inspirait sans cesse. Son talent ne cessait de grandir et il devint quelques années plus tard professeur au Conservatoire municipal d'Alger où il eut, entre autres, comme élèves, Hssen Saïd et Amar Laâchab. Il inspira d'ailleurs pas mal d'artistes comme Boudjemaâ El Ankis, Amar Ezzahi...pour ne citer que ceux-là. Il aura, à son actif, plusieurs oeuvres, toutes aussi belles et riches les unes que les autres. Son engagement pour l'identité nationale lui aura valu bien des péripéties. Le maître de la chanson chaabi algérienne nous a quittés le 23 novembre 1978. Ce trente et unième anniversaire de sa disparition sera une occasion de rendre hommage à notre patrimoine et au génie de ce maître qui a laissé une trace et une belle empreinte dans ce genre de musique qui a bercé des générations et qui continue à le faire. C'est un moment privilégié pour les amateurs de chaâbi que de découvrir le parcours de leur maître, qui continue d'être adulé par ses admirateurs et des jeunes talents à l'avenir prometteur. Il faut toujours rester dans la tradition et essayer, à chaque fois, de faire en sorte que chaque hommage rendu soit une considération et un repère important, pour entretenir le patrimoine légué par les aînés. Ainsi, ces monuments de la chanson algérienne restent toujours présents dans les mémoires. Pour preuve, malgré sa disparition, le maître continue à conquérir les coeurs, aujourd'hui encore, il ne cesse pas de les gagner. Tel le phénix de la légende, El «Anka», renaît de ses cendres. La Casbah se souvient...Aujourd'hui, des milliers de fans lui rendront hommage.