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Le réveil arabe et le processus de paix au Moyen-Orient
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Publié dans El Watan le 21 - 06 - 2011


I- Pourrissement
Nous gardons tous en mémoire les images furtives, sombres et saccadées de l'assaut donné au matin du 31 mars 2010 par un commando israélien contre le ferry turc Mavi Marmara, navire amiral d'une petite flotte qui tentait de rallier Ghaza. L'abordage s'était soldé, on s'en souvient, par la mort de plusieurs militants turcs. Effectuée en dehors des eaux internationales et d'une violence insensée en regard de la nature du convoi, l'opération avait soulevé l'indignation un peu partout dans le monde. Elle a surtout ouvert une crise majeure entre Israël et la Turquie. Plus encore que les 1500 morts de Ghaza en décembre 2008 et janvier 2009, plus que les civils tués au Sud Liban au cours de l'été 2006, cette affaire avait contribué à montrer jusqu'où peut aller Israël avec ses agressions meurtrières et sa politique de colonisation visant à prendre mètre par mètre, puits par puits, la terre, l'eau et les ressources du peuple palestinien.
Nous avons pu voir comment se poursuivait non un «processus de paix» inexistant, mais un processus de conquête et d'annexion de la terre, étroitement associé à un processus de séparation des populations arabes et juives, en Cisjordanie comme en Israël. Le processus visant à englober le maximum de superficies avec le minimum de Palestiniens, toujours repoussés. Un processus dont les outils sont aussi bien le bouclage et les bombardements de Ghaza, que le passage au bulldozer des villages bédouins du Néguev, sans oublier l'arsenal législatif de séparation et de discrimination que développe l'Etat juif contre les citoyens palestiniens.
Mais, aujourd'hui, le contexte est très différent. Les révolutions arabes ont bouleversé le paysage politique. L'Egypte, d'ores et déjà, n'est plus pour Israël cette alliée docile qui assurait le blocus sur la frontière sud de Ghaza. Depuis quelques jours, la «nouvelle Egypte» a ouvert le terminal de Rafah. Un filet d'air frais pour la population de Ghaza est un espoir. Il y a aussi un changement. Les deux principales composantes palestiniennes en ont tiré les leçons. Le Fatah et le Hamas s'apprêtent – Dieu merci – à former un gouvernement d'union en vue des prochaines élections présidentielles et législatives. Le monde bouge, pas Israël. Or, si ce pays fait mouvement, c'est toujours dans le mauvais sens.
Dirigé par un gouvernement d'extrême droite, Israël, plus que jamais, pense guerre, mur, enfermement, appropriation, violence et expansion coloniale.Si durant des décennies les Etats-Unis ont pu soutenir quasi inconditionnellement Israël sans avoir à en payer le prix, aujourd'hui avec le reveil du monde arabe, cette période est désormais achevée. On avait pu déjà entendre, en mars 2010, le général David Petraeus, alors chef du Commandement central des forces américaines (Centcom), affirmer : «La colère arabe sur la question palestinienne limite la puissance et la profondeur de nos relations avec les gouvernements et les peuples de cette zone, et affaiblit la légitimité des régimes modérés dans le monde arabe.» (Témoignage devant le sénat américain 16 mars 2010.).
Le nouveau contexte géopolitique va forcer l'Administration à faire des choix cruciaux.
Mais le voudra-t-elle ? Le pourra-t-elle ?
Ces questions peuvent aussi être posées à l'Union européenne et notamment la France, qui a été également compromise par sa collaboration sans nuage avec les présidents déchus, Ben Ali et
Moubarak. Incapable de prendre la moindre distance à l'égard des dictateurs, multipliant les accords avec un gouvernement israélien hostile à toute paix, promotrice d'une politique néolibérale, qui a contribué à la pauvreté des pays du sud de la Méditerranée, osera-t-elle tenir enfin compte de la «rue arabe» qui, par miracle, n'est pas composée de barbus fanatiques et de femmes en burqa, encore que celles-ci manifestent massivement au Yémen pour la démocratie ?
Il est aussi important de rappeler qu'en quelques années, le monde est devenu polycentrique. Chaque grand pays, du Brésil à la Chine, de l'Inde à l'Afrique du Sud, cherche sa place, non pas contre l'Occident ni à son service, mais à côté, voulant défendre ses intérêts propres. Ainsi, le Maghreb et le Proche-Orient veulent, à leur tour, rejoindre le mouvement planétaire. «Ce que les peuples de la région demandent, analyse Graham E. Fuller, ancien de la CIA et auteur de ‘‘The future of political Islam'', c'est de pouvoir contrôler leur vie et leur destin (…..). A court terme, cela suppose une médication sévère : Washington doit prendre du champ et laisser les sociétés elles-mêmes mettre fin à la longue politique d'infantilisation des peuples du Proche-Orient, fondée sur une vision myope des ‘‘intérêts américains''.»
II- Contexte international
Malgré leurs velléités hégémoniques, les Etats-Unis d'Amérique ne sont et ne seront sans doute plus la seule grande puissance. Il faut l'aveuglement d'un Netanyahou et l'ignorance crasse d'un Ehoud Barak pour ne pas sentir le grand glissement tectonique qui se déroule sous leurs pieds.De bastion avancé de l'impérialisme états-unien, l'Etat d'Israël pourrait un jour devenir un boulet que Washington n'hésiterait pas un instant à sacrifier. Ce jour-là d'ailleurs, on comprendra à quel point le rôle des lobbies pro-israéliens aura été exagéré dans les analyses de la politique états-unienne au Proche-Orient. L'attitude d'Israël a toujours été un défi à la paix du monde, comme au droit international. Pas étonnant dans ces conditions que Netanyahou ait prononcé, le mois passé, le pire discours qui ne fût jamais prononcé. Et cela, devant le Congrès américain ! Comme un défi au président des Etats-Unis, Barack Obama. «Non» au partage de Jérusalem, «Non» à une liaison entre Ghaza et la Cisjordanie, «Non» au retrait israélien de la rive occidentale du Jourdain, «Non» aux frontières de 1967 internationalement reconnues. Si l'histoire bouge, la géographie est immuable. Faut-il donc attendre que les continents se dilatent pour espérer la création d'un Etat palestinien ?
III- Une nouvelle stratégie internationale
Face à la démission des instances internationales et à un «processus de paix» moribond, une nouvelle stratégie s'impose, celle-ci nous est proposée par la société civile palestinienne qui, unanime, a lancé en 2005 un appel au BDS – boycott, désinvestissement, sanctions. Il s'agit-là d'un véritable tournant stratégique qui exige des mouvements de solidarité et des acteurs de la société civile internationale de passer de la dénonciation des crimes israéliens à une politique offensive : isoler l'Etat colonial israélien au niveau international tant qu'il ne respectera pas le droit international et les centaines de résolutions des Nations unies. Sanctions diplomatiques et commerciales, désinvestissement financier et boycott citoyen sont divers moyens à adopter par les différents acteurs de cette mobilisation, pour forcer la main à l'Etat hébreu et l'inciter à changer sa politique à l'égard des trois composantes du peuple palestinien : les Palestiniens de Cisjordanie et de Ghaza qui sont victimes de l'occupation coloniale, les Palestiniens d'Israël, victimes de l'apartheid, et les refugiés qui doivent pouvoir revenir dans leur pays.
Stratégie, avais-je dit, c'est-à-dire un processus à long terme qu'il faut savoir gérer comme une course de fond et non comme un sprint. Ce qui demande de la part du mouvement de solidarité internationale de rompre avec les vieilles habitudes faites essentiellement de réactions indignées aux crimes commis régulièrement par l'Etat colonial israélien. Il faut souligner que l'indignation face à l'injustice est l'expression véritable de notre humanité, et la perdre, face aux crimes de Jenine et de Ghaza, de Nazareth et de Chatilla exprimerait notre dégénérescence morale et la perte de ce qui fait la différence entre l'homme et l'animal. Pourtant, en rester à l'indignation ne saurait, à mon avis, être suffisant.
Celle-ci doit déboucher sur un engagement actif. Et c'est bien cela qu'il faut concrétiser : la campagne BDS. Si l'appel palestinien à l'origine de la campagne BDS est d'une grande clarté politique et ne laisse place à aucune ambigüité, il offre cependant à chacune et à chacun la possibilité de la traduire concrètement non seulement en fonction des réalités différentes dans lesquelles chacun vit et agit, mais aussi des choix individuels, politiques et éthiques. Il en est de même du boycott partiel (c'est-à-dire des seuls produits issus des colonies) ou des sanctions qui resteraient limitées au contexte des résolutions de l'ONU, à condition toutefois de rappeler systématiquement les fondamentaux de l'appel. palestinien : fin de l'occupation, droits égaux pour la minorité palestinienne en Israël et droit au retour.
Cette volonté de sanctionner la violation du droit et l'écrasement des droits du peuple palestinien par l'Etat israélien est partagée aujourd'hui par des centaines de millions d'hommes et de femmes sur les cinq continents de notre planète. La tâche principale est donc de mettre en œuvre tous les moyens pour qu'elle soit reprise et mise en œuvre par les instances internationale et les Etats.Le boycott individuel doit donc être accompagné par une véritable bataille politique, coordonnée autant que possible au niveau international et prenant en considération les limites du possible à chaque instant et à chaque endroit. L'action citoyenne peut, dans un contexte approprié, être d'une plus grande efficacité que celle qu'on lui attribue le plus souvent. La flottille de la paix nous en donne un exemple récent et concret : ce n'était pas la première fois que des militants tentaient de briser le siège imposé au million et demi de résidants de la bande de Ghaza.
Mais la conjonction entre la détermination admirable des militants turcs qui se trouvaient sur le Mavi Marmara et la stupidité sanguinaire des dirigeants et des officiers israéliens ont fait de ce qui aurait pu en rester au stade de l'action symbolique un moment charnière et une crise internationale. Grâce à la flottille, non seulement le siège de Ghaza à été assoupli, mais l'alliance stratégique entre la Turquie et Israël (pierre angulaire du dispositif oriental de l'Otan) en a pris un coup mortel, ouvrant la voie à de nouveaux réajustements stratégiques, particulièrement entre la Turquie et l'Iran. Le danger d'une agression israélo-américaine contre l'Iran s'en trouve donc aujourd'hui sensiblement réduit. Il y a dans «l'incident de la flottille» une grande leçon à tirer. Le contexte politique actuel peut en faire des moments charnières et le prélude à de véritables changements. Si tout n'était que simple rapport de forces, nous en serions encore à l'esclavage ou dans la barbarie du Reich des Mille ans.


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