Les tractations laborieuses entre les différents groupes d'élus à l'APC de Béjaïa n'arrivent toujours pas à aplanir le terrain pour permettre une installation sereine de l'exécutif communal. Près de trois semaines après l'investiture de Bouadia Abdelhafid, meneur de la liste FLN ayant acquis la majorité relative à l'Assemblée à l'issue du scrutin du 24 novembre dernier, la plus riche municipalité de Kabylie demeure donc sans staff, en raison de la difficulté désormais patente de jeter les ponts de la collaboration entre ses différentes composantes. Outre le FLN, qui a pu y placer 5 représentants, les 23 sièges qui composent l'Assemblée se retrouvent en effet occupés par le FFS (4 sièges), le RCD (4), la liste indépendante Tafath (4) tandis que les deux autres listes indépendantes, Chemaâ et l'Âme de Béjaïa, ont pu chacune arracher 3 sièges. Une mosaïque compliquée devant laquelle les tentatives timides de réaliser des alliances assumées, menée notamment le lendemain direct de l'élection, se sont avérées vaines. LES LIMITES DE L'ARITHMETIQUE L'esquisse d'alliance réalisée entre le FFS, le RCD et la liste Tafath, même si elle n'a eu pour ambition que la contestation technique de la victoire du FLN, a fait croire un moment à un début de regroupement, mais elle semble définitivement enterrée désormais.La direction du FFS, qui prône officiellement sa disponibilité à nouer des coalitions « arithmétiques », soit expurgée de préférences politiques, aurait, selon des indiscrétions, fait pression sur ses représentants pour prévoir un mandat concerté avec la majorité, via l'octroi du poste de la vice-présidence de l'APC à l'un de ses représentants. Ce qui, ajoute-on, n'agrée point les élus du parti. En conséquence, le premier responsable de l'APC hésiterait à convoquer une réunion de l'assemblée qui aboutirait au blocage avec le risque, en cas de deuxième tentative avortée, de voir l'assemblée dissoute. Les trois élus issus de la liste indépendante Chemâa (la bougie) sont pour l'heure les seuls à réagir par rapport à la situation et voient en le retard un élément de blocage pour un ensemble de tâches urgentes dévolues à la municipalité. Dans une déclaration remise à notre rédaction, l'on cite ainsi le cas des marchés divers et équipements collectifs, les mandats financiers, l'adjudication des travaux en attente d'exécution, le vote du budget 2006... comme autant de dossiers qui peuvent souffrir de l'absence prolongée d'un staff communal. Allaoua Mouhoubi, transfuge du FFS et meneur de la liste Chemâa, dit être confronté quotidiennement aux interpellations des citoyens qui ne comprennent pas que l'on ait le temps et la disponibilité d'organiser des « zerdas gargantuesques » à la commune (allusion faite à un couscous populaire organisé par l'édile local pour fêter le rétablissement du président Bouteflika) au moment où l'assemblée reste dans l'attente de voir installés les commissions permanentes, les délégations spéciales et autres outils de gestion.