Des commerçants voudraient recourir à une grève dans les prochains jours. «La décision d'une grève est motivée par l'organisation actuelle du marché à Alger. Nous recevons chaque jour des appels de ces commerçants qui veulent aller vers une grève générale dans le cas où les autorités s'obstinent à soutenir les revendeurs informels aux dépens des commerçants légaux», assure le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj Tahar Boulenouar. Les commerçants s'attendent à une augmentation importante du nombre de revendeurs à l'approche du mois de Ramadhan. «L'informel a augmenté de plus de 20% depuis janvier dernier. Il sera plus important durant le mois de Ramadhan. Les conséquences de ce phénomène sont désastreuses pour les commerçants et les consommateurs : augmentation de la contrebande, de la contrefaçon et des cas d'intoxication», résume le représentant de l'Union des commerçants.Craignant pour leur activité, des commerçants ont déjà rejoint le circuit informel. A Ferhat Boussaâd (Meissonnier), Sidi M'hamed, des commerçants ont déposé leurs marchandises sur les trottoirs. «Edoula (l'Etat) ne nous protège pas. Les gars de l'informel ont le soutien des autorités : du maire au simple policier du coin», s'indigne un commerçant qui a engagé un jeune pour lui écouler ses «babioles» devant son local «déserté par les clients». Même situation désespérée des commerçants à Belouizdad, Bordj El Kiffan, Douéra, Baraki, Bab Ezzouar ou encore Bab El Oued. Dans cette dernière commune, le wali délégué aurait promis au comité de quartier de les «débarrasser» de l'informel, mais rien n'a été fait. «Ce sont juste des paroles en l'air», se désole un représentant qui craint une réaction violente de la population. Pour M. Boulenouar, les décisions prises par les pouvoirs publics renforceront le commerce informel. «Les services du commerce parlent d'intégrer l'informel dans le circuit officiel. Le gouvernement ne doit pas composer avec l'informel. Dans quelques mois, il lui sera impossible de revenir en arrière», prédit-il. Le représentant s'indigne du «rôle privilégié» accordé aux APC dans le cadre de la résorption du phénomène. «Les communes sont partout absentes, assure Boulenouar. Leur confier la mission de donner des autorisations aux jeunes revendeurs est une mauvaise décision. Des gens du Centre national du registre du commerce (CNRC) qui m'ont approché s'interrogent sur leur rôle. Le registre du commerce n'est plus nécessaire.» Le représentant de l'Union des commerçants s'étonne que le gouvernement décide de lancer des projets alors que les anciens programmes sont toujours «en rade». «Le plan quinquennal 2009-2014 prévoit l'ouverture de 1000 marchés de proximité, 800 marchés de détail et de plus de 30 marchés de gros. Aucun de ces projets n'a été lancé. Les APC n'ont même pas désigné un terrain pour ces infrastructures. Les nouveaux projets annoncés par le ministre ne verront pas le jour», assure Boulenouar. Quelle appréciation fait l'autre aile de l'UGCAA, exclue des concertations, des assises du commerce organisées au Club du Pins ? «Le ministère du Commerce a préféré s'adresser à l'autre partie de l'Union. Cette occasion d'un dialogue franc avec les commerçants est devenue un monologue. C'est aux commerçants et à leurs représentants de faire des propositions. L'Etat a pour seule mission de les appliquer. Les commerçants étaient absents», se désole le porte-parole del'UGCAA.