Saisissant l'occasion de la session parlementaire d'automne, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a soumis hier aux deux chambres parlementaires, des propositions visant à mettre fin au commerce informel qui prolifère en Algérie. Il s'agit principalement de la révision de la législation fiscale jugée «dépassée». C'est la première fois que l'UGCAA fait des propositions écrites à l'Assemblée populaire nationale (APN) et au Conseil de la nation. Encouragée par les nouvelles orientations instituées dans la loi de finances complémentaire 2009, l'UGCAA se lance dans une campagne de lutte contre le marché informel et appelle l'APN et le Conseil de la nation à prendre des mesures répressives à l'encontre des personnes activant dans ce secteur. La plus importante proposition soumise concerne la réduction des charges fiscales et parafiscales sur les commerçants et les artisans. L'Union des commerçants insiste sur la réduction de la TVA de 17% à 8%. Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA, estime que la lourdeur de la loi fiscale a poussé les commerçants à opter pour le commerce parallèle. «Les charges sont trop lourdes pour les commerçants. Et pour y est échapper, ces derniers vont vers l'informel», déclare M. Boulenouar, qui affirme que «40% des commerçants sont passés à l'informel pour les raisons sus-citées». Plus explicite, le porte-parole de l'UGCAA indique que le commerce informel ne constitue pas seulement une menace pour le commerce réglementé, mais aussi pour l'économie nationale puisque, selon lui, «le manque à gagner induit par l'évasion fiscale dans les transactions commerciales en Algérie dépasse annuellement 500 milliards de dinars». Dans le même ordre d'idées, l'intervenant a précisé que les taxes imposées aux commerçants sont directement répercutées sur les consommateurs. Par ailleurs, l'UGCAA tire la sonnette d'alarme sur les risques engendrés par la prolifération du marché informel, «détenu» par les réseaux de contrebandiers et les barons de la drogue et des produits contrefaits. «Il existe une grande complicité entre le marché informel et les réseaux de contrebande», rappelle-t-il, avant d'enchaîner : «Ces barons mettent la pression sur les hauts responsables de différents secteurs d'activité afin de ne pas mettre en place des lois qui punissent les fraudeurs.» M. Boulenouar rappelle que la fermeture des frontières à ces contrebandiers les oblige à trouver des solutions pour écouler leur marchandise à l'intérieur du pays. Alors, ils sollicitent les jeunes commerçants de l'informel, comme les vendeurs de tabac. Ces derniers, pour arrondir leur fin de mois, acceptent de jouer le jeu et vont parfois jusqu'à jouer aux dealers ou aux contrefacteurs. Main basse sur le marché informel «C'est un réseau très bien structuré», soutient M. Boulenouar qui avance qu'un réseau de distribution est en train de s'organiser pour la commercialisation des produits pyrotechniques durant la fête du mawlid Ennabaoui. «Nous avons appris de sources fiables que les barons de la mafia ont déjà entamé des démarches pour constituer un réseau de distribution d'une grande quantité de produits pyrotechniques qui sera acheminé vers notre pays pour la fête religieuse du Mawlid.» L'UGCAA a, en outre, attiré l'attention des pouvoirs publics sur la menace que constitue la vente du tabac devant les établissements scolaires. «Nous avons tiré la sonnette d'alarme sur le danger engendré par les vendeurs de cigarettes devant les lycées et les collèges. Les pouvoirs publics doivent combattre ce commerce illicite.» Selon Hadj Tahar Boulenouar, le climat est propice pour saisir l'APN qui débat les projets de la loi de finances 2010 soumise par le gouvernement. L'UGCAA considère, ainsi, que le gouvernement a fait un premier pas dans la réforme du cadre financier en Algérie et ce, en instituant les nouvelles dispositions de la LFC 2009. Les retombées «positives de ces lois» seront visibles, selon la même source, à travers l'organisation de l'importation et l'encouragement de la production nationale. Il serait donc judicieux de continuer dans la même voie en mettant un terme au marché illégal.