Les soupçons des enquêteurs américains sur la jeune femme de chambre, Nafissatou Diallo, ont tout changé. La justice américaine a décidé de libérer DSK sur parole, sans toutefois abandonner les poursuites contre lui. Selon les enquêteurs américains, Nafissatou leur aurait menti à plusieurs reprises. Est-ce le début de la fin du «cauchemar» pour l'ancien directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn (DSK) ? En l'espace de 24 heures, tout a changé pour lui. DSK pourrait être lavé de tout soupçon dans les prochains jours. Il pourrait passer ainsi du statut de «violeur impitoyable» à celui de «victime d'une machination». Son accusatrice, la jeune femme de chambre Nafissatou Diallo (d'origine guinéenne) ne serait, quant à elle, qu'une «menteuse». En tout cas, DSK est, depuis hier après-midi, libre de ses mouvements. Mais il ne pourra pas quitter les Etats-Unis. Le tribunal pénal de Manhattan (USA) a décidé, lors d'une audience surprise, de libérer DSK sur parole sans abandonner les poursuites pour crime sexuel retenues contre lui. L'audience n'a duré que 18 minutes durant lesquelles, le juge Michael Obus a décidé, à la demande du procureur, de lever l'assignation à résidence surveillée imposée à l'ex-patron du FMI ; il a également ordonné la restitution de la caution de 6 millions de dollars qui lui avait été exigée. Que s'est-il passé ? Se dirige-t-on vers un acquittement de DSK ? Un scénario digne des films policiers américains. Tout a commencé jeudi dernier, près de deux mois après sa mise en examen. Le quotidien américain New York Times (NYT) a révélé que «le dossier d'accusation était sur le point de s'effondrer». Ce sont les témoignages de Nafissatou Diallo qui n'ont pas convaincu les procureurs. Selon le NYT, même s'il ne fait pas de doute qu'une relation sexuelle a bien eu lieu entre l'ancien directeur général du FMI et son accusatrice, «les procureurs ne croient pas grand-chose de ce que cette dernière leur a dit à propos des faits ni à propos d'elle-même». Selon le même journal, les enquêteurs ont la conviction que «la femme de chambre de 32 ans leur a menti à plusieurs reprises depuis le début de l'affaire, le 14 mai». Les soupçons des enquêteurs américains Présentée comme une «employée modèle» au début de l'affaire, Nafissatou Diallo est soupçonnée, aujourd'hui, par les enquêteurs, d'être impliquée dans des activités criminelles telles que trafic de stupéfiants et blanchiment d'argent. Plusieurs individus, révèle le NYT, ont déposé, au cours des deux dernières années, de l'argent liquide pour un total de 100 000 dollars sur son compte en banque. Elle aurait aussi menti à propos de sa demande d'asile aux Etats-Unis où elle vit depuis 2002. Selon toujours la même source, lors d'une conversation téléphonique avec un homme condamné pour trafic de drogue, la jeune femme de chambre «a discuté de l'intérêt de poursuivre les accusations contre Strauss-Kahn moins de 24 heures après le début du scandale, le 14 mai». Et cette conversation a été enregistrée par les enquêteurs. Le procureur de New York, Cyrus Vance, avait affirmé jeudi, dans une lettre publiée par le NYT, que la plaignante «a produit sous serment un récit erroné de l'agression sexuelle dont elle affirme avoir été l'objet». « La plaignante a reconnu, depuis, que son récit était erroné et qu'après l'incident dans la suite 2806, elle avait nettoyé une chambre voisine puis était retournée dans la suite (de DSK) avant de rapporter l'incident à son supérieur». Hier, le même procureur a précisé que l'enquête se poursuivra : «Nous continuerons d'enquêter sur ce dossier vigoureusement (...). Aujourd'hui nous n'avons pas totalement abandonné l'inculpation ni aucune des charges. L'enquête a soulevé des interrogations quant à la crédibilité de la victime présumée de Dominique Strauss-Kahn.» La défense de Nafissatou Diallo dénonce Les déclarations du procureur font réagir la défense de la jeune femme de chambre. L'un de ses avocats, Kenneth Thompson, accuse le procureur d'avoir maltraité sa cliente : «Nous pensons que le procureur Cyrus Vance a trop peur de perdre ce procès.» Il dément également les informations selon lesquelles sa cliente a menti : «Ma cliente n'a pas changé un seul mot à sa version des faits survenus le 14 mai. J'ai des preuves matérielles.» Mais les avocats de DSK se montrent d'ores et déjà confiants quant à l'issue de cette affaire. «Dominique Strauss-Kahn sera acquitté», a déclaré après ladite audience l'un de ses avocats, Benjamin Brafman. La réponse sera connue le 18 juillet prochain, lors d'une audience décisive.