La déperdition des terres cultivables dans la wilaya de Aïn Defla, à forte vocation agricole, se poursuit avec l'aval des élus du peuple, suscitant l'inquiétude des agriculteurs. Des voix s'élèvent en effet, ces derniers temps, pour attirer l'attention de l'opinion publique sur le danger qui pèse sur des centaines d'hectares du foncier agricole en passe d'être transformés en terrains urbanisables. Pour rappel, le décret exécutif du 16 septembre 2003, portant sur les modalités et conditions de récupération des terres agricoles relevant des biens nationaux, a donné la latitude aux décideurs d'intégrer de nombreuses parcelles cultivables dans les périmètres urbains à cet effet. Aussi, plusieurs projets, au titre des différents programmes de logements dans ses différentes formules, prendront forme au niveau des EAC répartis à travers la wilaya de Aïn Defla. Les exploitations ciblées sont localisées notamment dans les communes de Boumedfaâ, El Amra, Aïn Lechiekh, Khemis Miliana, Djendel… Si d'aucuns, parmi les responsables interrogés sur cette question, estiment que les prélèvements concernent des terrains incultes, il y a lieu de souligner que des projets initiés au profit du secteur étatique ou privé ont déjà englouti des superficies d'une grande qualité en termes de rendement. Au moment où le secteur de l'emploi table sur la récupération de parcelles excédentaires au niveau des exploitations agricoles collectives dans le cadre de la lutte contre le chômage en milieu rural, force est de constater que l'urbanisation des terrains pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur le devenir agricole de toute une nation, sachant que ces lois s'appliquent à l'échelle nationale, déplorent des concernés. La politique visant à aplanir la crise du logement au détriment de l'agriculture, au risque de compromettre la stratégie initiée par la tutelle visant à atteindre l'indépendance alimentaire, est également à l'origine du malaise social qui prévaut un peu partout à travers les localités de la wilaya, estiment des agriculteurs. Pour information, des fellahs avaient interpellé le chef de l'exécutif en ce sens, à l'occasion de ses sorties sur le terrain. La problématique liée au manque de terrains d'assiettes serait pur prétexte pour camoufler des pratiques spéculatives dans ce domaine, ont confié des habitants de la commune de Boumedfaâ réagissant à des déclarations dans ce sens, faites récemment par des élus de cette ville. D'autres sources soutiennent que la récupération de terrains urbains, après démolition de constructions vétustes, pourrait réduire un tant soit peu la facture. En tout état de cause, la révision des lois relatives à la récupération des terres agricoles s'impose, estiment des connaisseurs qui appellent à la modération pour préserver ce bien précieux et nourricier en réfléchissant à d'autres méthodes.