C'est un aveu qui en dit long sur les injustices que vivent au quotidien les jeunes demandeurs d'emploi de la wilaya d'Ouargla, située à 800 Km au sud d'Alger. Le directeur de l'Agence Nationale de l'Emploi (ANEM) Tahar Challal a reconnu dimanche, lors de son passage sur les ondes de la radio Chaîne III, que les entreprises de sous-traitance violent les lois de travail et exploitent les jeunes de cette région très riche du sud du pays. "Le ministère du Travail a instruit l'inspection de Travail d'enquêter sur les dépassements de ces entreprises dans la région de Ouargla", a révélé encore Tahar Challal qui n'écarte pas l'éventualité d'un retrait des agréments à ces entreprises qui violent "la loi 04-19" laquelle impose à toutes les entreprises de recruter leur personnel par le biais de l'ANEM, l'agence publique chargée du placement des travailleurs sur le marché de l'emploi. "Ces sous-traitants nous causent beaucoup de problème dans le placement des travailleurs à Ouargla et notamment dans le bassin de Hassi Messaoud. Nous avons interpellé récemment le ministère du Commerce au sujet de ces entreprises de recrutement qui ne respectent pas la réglementation", a expliqué le responsable de l'ANEM. Tahar Challal avoue à ce sujet que des sous-traitants n'hésitent pas à recruter directement des jeunes de Ouargla sans solliciter l'ANEM. En plus, ces sous-traitants offrent aux chômeurs de cette région "des salaires inférieurs aux rémunérations proposées par les entreprises au sein desquelles ils vont, par la suite, travailler", dénonce le directeur de l'ANEM. En terme plus clair, cela s'appelle la fausse déclaration en matière de placement des travailleurs. Il s'agit d'un délit qui est puni conformément aux dispositions du code pénal. Il est à souligner qu'en Algérie, la loi sur le contrôle de l'emploi (04-19) indique que tout recrutement effectué ou besoin en main d'œuvre non transmis à l'agence chargée du service public de placement sera puni d'une amende de 10.000 DA à 30.000 DA par poste vacant. Malheureusement, à Ouargal, ces dispositions réglementaires ne sont jamais appliquées et les sous-traitants bénéficient d'une impunité révoltante, ont déploré à maintes reprises des chômeurs qui sont sortis dans les rues pour exprimer leur colère et leur indignation. Dans ce contexte, cette vague de colère a nourri de nombreuses émeutes qui ont éclaté dans la région de Ouargla ces dernières semaines. Face à cette protesta populaire, Tahar Challal a promis une nouvelle "organisation du marché du travail" à Ouargla et une informatisation des offres d'emploi pour une gestion plus "transparente". Par ailleurs, "cinq nouvelles agences de l'ANEM seront réceptionnées prochainement dans cette wilaya", a assuré le directeur de l'ANEM qui s'est engagé, enfin, à garantir une prise en charge effective des préoccupations et demandes des chômeurs de la région de Ouargla.