Le coup d'envoi de la 4e édition du festival de la chanson raï a été donné samedi 2 juillet au stade des 3 frères Amarouche, au centre-ville de Sidi Bel Abbés. La cérémonie d'ouverture a débuté par un feu d'artifice étoilé et une chorégraphie admirablement exécutée par une vingtaine de danseurs du ballet «Eden ». Cette première soirée, étrennée par cheikh Hattab, n'a pas dérogé à la tradition d'un rendez-vous festif et largement suivi par les amoureux de la musique raï. Dans la pure tradition des chioukhs, ces maîtres qui célèbrent la poésie bédouine au rythme de la gasba (flûte) et du gellal (percussion), cheikh Hattab interprétera Allah yarham echouhada, en hommage aux martyrs de la guerre de libération. Au stade ex-Paul-André, haut lieu de la discrimination lors de la période de colonisation, les paroles de cheikh El Hattab étaient chargées d'une grande symbolique.
Dans une harmonieuse musicalité, le chantre du bédoui a fait étalage de tout son talent aux grés de percussions soutenues. Il reprendra, à l'occasion, quelques titres de grands chanteurs à qui il rend hommage. Un hommage entrecoupé de qcidates (poèmes) puisés du terroir. Une prestation fortement applaudie par un public nombreux composé majoritairement de familles et de jeunes. L'accordéon en bandoulière, cheikh El Habri, à la belle voix chaude et pleine, ressort Rani m'hayer, une chanson culte rendu célèbre par Blaoui Hoauri, l'un des précurseurs du raï moderne. Un tube qui sera repris, par la suite, par Raina Rai et d'autres chebs. Ya mimouna, un opus de cheb Mimoun, replonge le public dans une époque où le rai était encore à ses premiers balbutiements, affranchi et romantique. Sur la même lancée que cheikh Hattab et El Habri, cheikh Nâam entonne plusieurs titres de son répertoire à la verve acerbe et viril. Après les chioukhs, c'est au tour des chebs d'occuper la scène avec des prestations plus rythmés mais moins originales. Il est d'ailleurs de notoriété que les chebs se copient entre eux, ressassant presque les mêmes airs. Cheb Khalas, cheba Djamila et cheb Abbés en ont encore apporté la preuve, peu avant minuit. Ils se sont succédés, jusqu'à 2h, sur une scène aux multiples sonorités et partitions façonnées par l'Orchestre de Amine Dahane. Prévue jusqu'au jeudi 7 juillets le festival donnera également lieu à des conférences et des tables-rondes, animées par des universitaires et des journalistes autour de sujets se rapportant au phénomène du raï. Rappelons que cheb Mmai se produira en clôture du festival aux cotés du groupe Raina Rai. Mami a réalisé un premier coup d'essai, le 17 juin dernier, en animant un concert à El Jadida (Maroc). Après le festival de Sidi Bel Abbés, il participera à la mi-juillet, à Oujda, à la 5 e édition du Festival international du raï (FIR). Lundi 4 juillet, un hommage sera rendu à feu Djilali Rezkellah, ex-chanteur du groupe Raina raï, décédé le 6 novembre 2010, et à qui est dédié cette 4e édition.