Pour les habitants d'Ahmed Salam, la présence d'un tel engin entre les mains des terroristes confirme les thèses avancées quant à d'éventuelles fuites d'armes en provenance de Libye. Le dernier attentat terroriste, qui a ciblé un cantonnement des gardes communaux d'Ahmed Salam (k13) dans la commune de Kerkera au sud-ouest de Skikda, est venu relancer, une fois encore, le débat quant à la persistance des actes terroristes dans la région. Plus grave encore, l'utilisation d'une arme de guerre, le RPG en l'occurrence, suscite moult interrogations, d'autant plus que c'est là une première dans une zone qui a vécu et connu toutes les affres des années noires. D'aucuns estiment cependant que l'arme utilisée contre les gardes communaux n'était en fait qu'un hebheb (mortier artisanal), alors que des témoignages locaux, qui rapportent dans le détail le déroulement de l'attaque, attestent, selon plusieurs recoupements, qu'il s'agissait d'un RPG7. Cette thèse reste plus que plausible vu que l'attaque avait pour cible une bâtisse implantée en plein centre d'un village qui abrite plus de 5000 habitants. Plusieurs habitants, qui veillaient ce jour-là près de leurs demeures, ont eu toute latitude de suivre, en direct, l'attentat et racontent que c'était vers minuit qu'un des terroristes, portant un RPG7 «flambant neuf», s'est lentement approché du cantonnement des gardes communaux. Il aurait par la suite pris une position de tir en ciblant la muraille donnant sur la chambrée avant de tirer. La déflagration a aussitôt été suivie de tirs nourris d'armes automatiques tirés par quatre autres terroristes embusqués à plus de 600 m des lieux. Ces tirs devaient, selon les mêmes sources, permettre au porteur de l'arme lourde de replier et de prendre la fuite. Dans la pagaille, un citoyen, qui tentait de fuir dans son véhicule, a été blessé. Ceci pour les détails. Pour l'origine d'une telle arme aux mains d'un groupuscule de terroristes, tous natifs de la région et connus beaucoup plus pour leurs incursions, rapts et racket, l'énigme reste entière. Pour les habitants d'Ahmed Salam, la présence d'un tel engin entre les mains des terroristes locaux confirme, selon leurs dires, les thèses avancées quant à d'éventuelles fuites d'armes en provenance de Libye, d'autant plus que l'arme utilisée sous leurs yeux était toute neuve. La seule évidence à avancer, c'est que l'arme a certainement été acheminée des maquis de Jijel qui disposent d'un prolongement naturel avec les monts boisés du massif de Collo. Les autres relais géographiques sont, actuellement, quasiment impénétrables vu l'impressionnant dispositif militaire mis en place à Aïn Kechra au sud et le massif de Fil Fila, plus à l'est. Selon d'autres sources bien imprégnées de la chose sécuritaire locale, cette attaque, qui fait suite à d'autres actions menées ici et là par les terroristes, a été essentiellement menée pour desserrer l'étau imposé par les militaires sur quelques fiefs terroristes à Hjar Mefrouche et à Fil Fila. Ce qui semble se confirmer puisque dimanche, vers minuit, des tirs au hebheb ont ciblé un centre de surveillance de la Gendarmerie nationale implanté non loin de la plage de Hajria, dans la commune de Aïn Zouit à l'ouest de Skikda, sans parvenir à toucher les gendarmes.