L'opération d'identification des cinq terroristes abattus au début de ce mois à Ouled Slimane, dans la commune de Oum Toub, a certifié la liquidation de Mezhoud, alias Abou Mouaâd, émir de la zone VII, où activent deux phalanges des plus meurtrières, Raâb (l'horreur) à Skikda et El Istikama (la droiture) à l'Edough. La zone VII dans l'organisation du GSPC inclut un large périmètre qui englobe les wilayas de Jijel, Skikda, Annaba, et de larges périphéries des wilayas de Guelma et de Constantine. Selon des sources proches des services hospitaliers de Tamalous, la procédure d'identification de la dépouille a nécessité la présence des parents de Mezhoud qui ont confirmé qu'il s'agit bien de leur fils. Abou Mouaâd, considéré comme l'ordonnateur direct de tous les actes terroristes commis dans la région, était connu pour être un irréductible. Avant de rejoindre les rangs du GSPC sur une recommandation de l'émir national, il activait dans les rangs du GIA et dirigeait la phalange El Ghaliboune, qui a son actif plusieurs assassinats commis à l'est de la wilaya de Skikda (Bantous, Bissi, Oued Soudène, Fil Fila). Se sachant « out » de toute opportunité de bénéficier de la nouvelle charte pour la réconciliation, vu ses innombrables crimes, Mezhoud était connu pour être un farouche opposant à toute tentative de reddition. Il avait menacé de liquider toute personne qui viendrait à exprimer des penchants pour la reddition. Il avait même tenté d'amorcer le cycle de l'horreur dans la région en commettant au courant du mois de septembre dernier plusieurs opérations terroristes, comme l'attaque du cantonnement de la garde communale de Kerkera et l'assassinat de quatre membres des services de sécurité. Le lourd armement récupéré le jour de sa liquidation (lance-roquette, obus, fusils-mitrailleurs...) témoigne, en effet, de sa volonté de signifier le refus de toute réconciliation. La liquidation de Mezhoud dans des conditions qui attestent sans équivoque qu'il a bel et bien été donné par ses compères a de nouveau plongé ses troupes dans la suspicion. A titre de rappel, il a été abattu avec quatre de ses adjoints alors qu'ils tentaient, à bord d'une Mercedes appartenant à un habitant de Aïn Kercha, de rejoindre Oum Toub, au sud-ouest de la wilaya de Skikda. La minutie relevée dans l'embuscade tendue par les militaires au lieudit Ouled Slimane confirme que les services de sécurité étaient déjà au su du lieu et de l'heure du passage du véhicule ainsi que de l'identité de ses occupants. Ce sont d'ailleurs ces faits qui laissent supposer deux versions quant à l'origine de la dénonciation. La première, en relation avec des considérations de leadership, serait que Mezhoud aurait été donné par son adjoint, un dénommé Khaled, pour prendre sa place et bénéficier des avantages que le rang d'émir octroie au sein du GSPC. La seconde, et c'est peut-être la plus plausible parce qu'entretenue par les parents-même des terroristes de la région, présume que l'émir aurait été donné par une majorité des hommes de la phalange adeptes d'une reddition et pour qui l'ancien émir constituait un grand obstacle. Une fois Mezhoud liquidé, il ne resterait à ces hommes qu'à tout faire pour le remplacer par un émir dialoguiste. Une alternative qui leur ouvrirait grandes ouvertes les portes de la réconciliation. Cette thèse est d'ailleurs confrontée par les informations qui circulent actuellement parmi les populations des régions proches des maquis, où on avance que pas moins de dix terroristes auraient contacté leurs proches pour signifier leur désir de se rendre moyennant quelques garanties sécuritaires.