Une embuscade meurtrière a été perpétrée jeudi vers 17h sur la route reliant la localité de Lemkaïl, dans la commune de Selma Benziada (35 km au sud-ouest de Jijel), et Kaâ Ledjbal, au sud d'El Aouana. Selon les informations que nous avons recueillies de sources fiables, un véhicule à bord duquel se trouvaient des militaires a été surpris par l'explosion d'une bombe qui sera suivie par des tirs d'armes automatiques d'un groupe terrorisme évoluant dans cette région très boisée de Guerrouche. Cette attaque terroriste a causé la mort de sept militaires et d'un civil originaire de Djelfa, chauffeur dans la société étrangère chargée de la réalisation de ligne haute tension entre Chefka et El Kseur, dans la wilaya de Béjaïa. On relève, par ailleurs, quatre militaires blessés dont un jugé dans un état grave. Les victimes de cette sanglante action terroriste ont été transférées peu après 18h à l'hôpital Mohamed-Seddik Benyahia de Jijel. Cette sortie des terroristes dans une wilaya qui n'a pas connu d'aussi dramatique attentat depuis assez longtemps, sonne comme un cinglant niet aux appels lancés à leur adresse durant la présente campagne pour le référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il convient de signaler qu'hormis les groupes Ibad errahmane, Taliban et El Itissam, comptant au moins quatre-vingt éléments qui seraient prompts à déposer les armes, les affiliés au GSPC libre évoluant à l'est de la wilaya (entre Oued Z'hor et El Ancer), Ibad errahmane au centre de la wilaya (Chefka à Bouhench, à l'ouest de Texenna) et le GSPC des Babors qui active dans l'extrême sud-ouest de la wilaya (Erraguene, nord de Sétif et sud-est de Béjaïa) restent toujours réfractaires à toute idée de reddition ou de retour pur et simple à la vie civile, en dépit des dispositions qui leur sont avantageuses prévues dans la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Le même jour à 8h, les terroristes qui infestent la région ouest de la wilaya de Skikda ont dressé un faux barrage au lieudit Mechta Messbah, sur le chemin communal reliant les localités de Sidi Mansour et Chrayaa, dans la commune de Tamalous, à l'ouest de Skikda. Après avoir intercepté un véhicule de transport en commun, les terroristes, dont le nombre a été estimé par un des rescapés à plus de 30 éléments, ont égorgé sur les lieux deux jeunes avant de les décapiter devant le regard ahuri des autres passagers. Ces derniers seront molestés et dépouillés de leurs biens constitués d'une somme de 10 millions de centimes ainsi que d'un téléphone portable. Une demi-heure après leur forfait, les terroristes se sont évanouis dans les monts fortement boisés de la région. Les corps sans tête des deux victimes, B. H. et K. R. âgés respectivement de 33 et 34 ans, ont été transportés à la morgue du centre hospitalier de Tamalous. Ils n'ont été inhumés qu'après la récupération dans la soirée de leurs têtes que les terroristes avaient emmenées avec eux pour les jeter dans les maquis avoisinants. Selon les témoignages des rescapés, les terroristes portaient des tenues afghanes et étaient lourdement armés. Ils disposeraient même d'une pièce lance-roquette (RPJ). Selon d'autres sources, le bilan macabre de ce faux barrage aurait pu être plus sanglant, puisque les terroristes semblent l'avoir tendu aux éléments de la garde communale de Sidi Mansour qui ont l'habitude d'emprunter ce chemin pour rejoindre leur cantonnement. Des rescapés évoquent à cet effet que les terroristes auraient brutalement menacé le conducteur du fourgon de représailles s'il venait à transporter les éléments de la garde communale. Avec cette nouvelle tuerie, le carrousel de l'horreur semble reprendre dans la wilaya de Skikda, particulièrement dans la région ouest, après une très grande accalmie. En l'espace de dix jours seulement, six citoyens furent assassinés. Il y a neuf jours, deux bergers ont été égorgés à Akhoucha, dans le massif de Collo, et un gendarme ainsi qu'un élément de la garde communale ont été également assassinés le jour-même. Cette recrudescence de la violence, qui intervient dans une conjoncture ponctuée par l'appel à la paix et à la réconciliation, est différemment commentée localement. Certains n'y voient qu'une « réponse on ne peut plus claire à la charte pour la paix » en avançant que « cette recrudescence des actes terroristes a débuté juste après les déclarations officielles annonçant le référendum » en rappelant l'assassinat vers la fin du mois d'août dernier de trois gardes communaux à Aïn Zouit. D'autres estiment que ces actes seraient plutôt commis par quelques « irréductibles qui savent d'emblée qu'ils risquent de ne pas bénéficier de cette même charte au su de leurs antécédents sanguinaires dans les maquis de la région ». Ce ne serait là que des actions de détresse et d'argumenter par le nombre de repentis qui serait assez important. Néanmoins, la présence du terrorisme dans la région de Skikda reste assez singulière et diffère totalement des autres régions du pays vu la présence de deux obédiences qui se partagent, non sans heurts, les maquis. En plus des groupes du GSPC, la région est également infestée depuis déjà plus de deux années par une autre organisation, le Groupe salafiste libre (GSL). La direction de ce groupe est composée essentiellement d'anciens dissidents du GSPC qui se disent en total désaccord avec leurs frères ennemis. Plus radical et plus sanguinaire, le GSL avait même menacé, il y a deux années, tous ceux exprimeraient l'envie de se rendre aux autorités. Dirigé par Abou Omeir El Wahrani, le GSL se cantonne beaucoup plus dans les monts de Boulballout et Boulaatam, une zone frontalière entre les wilayas de Jijel et Skikda. Le GSPC, qui a rallié à lui les derniers éléments du GIA qui activaient à l'est de la wilaya (Bantous, Oued Soudène, Fil Fila, Bissi...), infeste, sous la houlette de Touikar, un natif de la région, une grande partie de la région ouest de la wilaya qui va de Aïn Zouit jusqu'à Collo et Aïn Kechra. Les dernières actions terroristes auraient été commises, selon certaines sources, par le GSPC.