Au bout de 60 jours de captivité, le jeune Mourad Billek a été relâché par ses ravisseurs, mercredi dernier vers 23h, à Azib Ahmed, à quelques encablures au sud de la ville de Tizi Ouzou. «C'est un soulagement pour la famille Billek et tous les citoyens de la région qui ont entrepris plusieurs actions depuis le kidnapping de Mourad pour exiger sa libération», nous a dit un membre de la cellule de crise mise sur pied au lendemain du rapt de ce jeune homme. «On doit en finir avec ces enlèvements qui continuent à mettre la Kabylie dans un climat de terreur et d'insécurité. Si ce phénomène perdure, on risque de voir tous les opérateurs économiques et les industriels quitter la région pour s'installer ailleurs. Les conséquences seront très graves. Même les petits commerçants vivent dans la hantise des kidnappings», s'insurge un autre citoyen de Beni Aïssi, commune natale de Mourad Billek. Ce dernier avait été enlevé par un groupe d'individus armés, pour rappel, le 11 mai dernier, au milieu de la journée, à Talla Bounan, sur la route de Beni Douala. Au lendemain de ce rapt, la population de la région s'était mobilisée comme un seul homme afin d'obtenir sa libération. Ainsi, après un rassemblement tenu le 16 mai par les citoyens de Beni Aïssi au chef-lieu de commune, une marche populaire a été organisée deux jours plus tard dans la ville de Beni Douala. Le 22 mai, à l'appel de la même cellule de crise, une grève générale avait paralysé la ville de Tizi Ouzou. Lors de ces actions de solidarité, il a été enregistré une mobilisation grandiose de la population qui s'est élevée comme un seul homme pour dénoncer les rapts et exiger la libération de l'otage. Ce n'est pas la première fois que des actes de kidnapping sont signalés dans la wilaya de Tizi Ouzou qui a enregistré 65 rapts depuis 2005. Les industriels, les commerçants et les entrepreneurs demeurent la cible privilégiée des groupes armés, à mi-chemin entre le banditisme et le terrorisme. Le 15 mai, quatre jours après l'enlèvement de Mourad Billek, un septuagénaire, propriétaire d'une marbrerie, avait été kidnappé dans la commune de Mechtras, à 35 km au sud de Tizi Ouzou. Il sera relâché après deux semaines de captivité. Par ailleurs, un réseau de sept malfaiteurs, auteurs de plusieurs kidnappings et vols de véhicules en Kabylie, a été démantelé par les services de sécurité, à Tizi Ouzou, en février dernier. Ce groupe est impliqué, entre autres, dans la tentative de rapt de l'entrepreneur Hend Slimana, dans la localité d'Aghribs, à l'est de Tizi Ouzou, qui avait reçu deux balles tirées par les ravisseurs avant de succomber à ses blessures trois jours plus tard. Son cousin Omar avait été enlevé puis relâché après une grande mobilisation de la population. Plusieurs otages ont été libérés grâce à des actions citoyennes. A Iflissen, dans la daïra de Tigzirt, les villageois d'Issenadjène avaient fait plier des kidnappeurs en novembre 2009. Le propriétaire d'un restaurant a été libéré sans condition, alors qu'au préalable les ravisseurs avaient exigé 700 millions de centimes. La même mobilisation a été rééditée dans plusieurs localités de Kabylie.