- Parlez-nous de Hacène Aït Iftène, comment a-t-il débarqué dans le monde du 7e art ? Je suis un père de famille de 50 ans, enseignant de formation en lettres françaises, mais qui a toujours activé dans le milieu artistique et associatif. Pour mener à bien les différents projets qui trottaient dans ma tête, j'ai décidé, avec mon fils Massinissa de créer une agence de communication et de production audiovisuelle : Nova Film Production Algérie, et cela en 2006. Après des débuts laborieux, nous avons commencé à activer dans ce secteur en produisant des reportages et des clips vidéos, ainsi qu'une revue récréative pour enfants, La récré, créée avec un ami, Aït Belkacem Oulhadj. Malheureusement, cette publication reste bloquée faute d'annonceurs. Ma venue au cinéma est logique, étant donné que l'image est le meilleur moyen de transmission et de vulgarisation. - Vous êtes passé de la réalisation de clips au documentaire, pourquoi ce choix ? Quel genre de cinéma vous attire le plus et quel regard portez-vous sur le cinéma algérien ? Plus haut, je parlais de transmission et de vulgarisation, le documentaire en est le meilleur moyen et, surtout, le plus noble. Nous avons fait nos armes dans des productions plus accessibles techniquement, mais nous nous sommes tournés vers le film documentaire plus élaboré, surtout que ce genre est assez négligé dans notre pays, malgré son rôle important dans la vulgarisation dans une société qui lit très peu. Bien sûr, j'adore tout ce qui est documentaire et le cinéma italien. Quant au cinéma algérien, après avoir été leader en Afrique, il est aujourd'hui à la traîne malgré un potentiel conséquent, mais en l'absence d'une politique cinématographique pertinente et d'une industrie dans ce secteur, notre cinéma risque de rester aussi moribond qu'aujourd'hui. - Vous avez participé au Festival du film amazigh, en section officielle l'Olivier d'or, avec votre documentaire Ahmed Oulkadi, le roi kabyle, parlez-nous de ce film... Ce documentaire est un film de 50 minutes qui revient sur le parcours du premier roi de Koukou, en haute Kabylie. Cette personnalité historique prépondérante au XVIe est complètement ignorée et du public et des livres d'histoire. La faire sortir de cet oubli est une façon, je pense, de participer modestement à la réhabilitation de notre histoire nationale. Le public lui a toujours réservé un accueil formidable, que ce soit à Azeffoun, lors du Festival du film amazigh, à Tizi Ouzou, et même à Aïn El Hammam. Je tiens à préciser que je me suis toujours fait un devoir de faire suivre chaque projection d'un débat, toujours agréable et enrichissant. - Ahmed Oulkadi, le roi kabyle, votre premier documentaire, trace un passage important de l'histoire algérienne, en général, et kabyle, en particulier. Pensez-vous qu'il intéressera des festivals et distributeurs internationaux ? Je pense que oui. D'abord, c'est un film réalisé en quatre versions : kabyle, française, arabe algérien et espagnol. Donc, il s'adresse à un public très large. Ensuite, les événements relatés dans ce documentaire lient la Kabylie à la régence d'Alger, à l'Espagne et à l'Empire ottoman. Enfin, il est fort probable qu'il participe au Festival de Valence. Pour sa distribution au niveau international, je ne demande pas mieux. - Parlez-nous de vos projets ? Le documentaire qu'on vient d'évoquer n'est que le premier volet d'une série de six documentaires historiques, ayant pour noyau la Kabylie. Je travaille aussi sur un documentaire qui s'intéressera à une autre grande figure de notre culture «Mohya», ainsi que sur une chronologie des événements qui ont secoué la Kabylie en 2001.