Les villageois avaient abandonné leurs maisons dans cette localité qui a vécu les affres de l'insécurité. Le village commence à revivre ces derniers mois. Après plusieurs années d'insécurité et d'exode, le village Aït Allaoua dans la commune d'Iboudrarène (50 km au sud-est de Tizi Ouzou), semble retrouver de nouveau la quiétude. C'est ce que nous avons constaté lors de la deuxième fête de la cerise qui s'est tenue récemment dans ce village. Aït Allaoua a été parmi les villages les plus touchés par le phénomène de l'exode rural en Kabylie durant la dernière décennie. Selon nos interlocuteurs, les habitants ont commencé à quitter leur village à partir de 1998 pour fuir le climat d'insécurité qui régnait dans la région. «On ne pouvait plus rester, c'était le ras-le-bol», raconte Ami Moh, un vieux du village. Selon lui, les riverains partaient l'un après l'autre jusqu'à ce que le village se soit vidé de tous ses habitants. «A un moment donné, il n'y avait plus personne ici. Tout le monde était parti», ajoute- t-il, en poursuivant : «Chacun où il a pu trouver refuge. Il y a des gens qui sont partis dans des villages limitrophes, dans la commune d'Iboudrarène ou dans les autres communes comme à Yathafène ou à Ath Yenni. Il y a d'autres qui se sont installés en dehors de la wilaya, surtout dans la capitale». Aujourd'hui, plusieurs familles ont décidé d'y retourner. «Il a quelques mois, on a recensé 130 habitants qui occupent une trentaine de maisons. Alors qu'avant l'exode des années 2000, le village comptait plus de 600 habitants», nous dira le président du comité du village. Néanmoins, ces villagois vivent dans des conditions très difficiles en raison de l'absence de commodités et le sous-développement qui caractérise cette localité rocheuse. Routes défoncées, alimentation en eau potable défaillante et couverture sanitaire insuffisante, parfois inexistante, c'est la situation dans laquelle se débattent les villageois d'Ait Allaoua à l'instar de nombreux villages de la commune d'Iboudrarène. Interrogé sur les perspectives de développement dans sa municipalité, le P/APC n'a pas manqué d'exprimer sa déception devant la faiblesse des cagnottes affectées par les pouvoirs publics. «On a un programme ambitieux que nous voulons réaliser pour désenclaver cette région mais on ne peut pas s'engager dans des opérations importantes sans l'affectation de budgets conséquents», a-t-il déploré. Ce petit village culminant à plus de 900 m d'altitude attire tous les regards et ses habitants commencent à s'organiser. L'association pour l'environnement d'Iboudrarène (AEI) qui active depuis des années dans la localité vise à susciter des projets dans l'agriculture, l'arboriculture et promouvoir le tourisme solidaire. «Cette région ne peut vivre que de la petite agriculture qui existe ici. Donc nous espérons pouvoir convaincre les gens à travailler cette terre et d'en prendre soin parce que seules les activités de montagne peuvent relancer le développement dans la région», estime un membre de l'association.