Pendant plus de six heures, l'avenue de l'ALN menant vers les cités de la banlieue nord de la ville de Constantine a été bloquée, hier matin, au niveau du rond-point de la cité Daksi. Non contents de la décision prise par la wilaya de Constantine d'évacuer l'assiette du terrain abritant le fameux marché de la cité Daksi, des dizaines de commerçants, dont la plupart exercent dans l'informel, ont eu recours à la manière forte pour exprimer leur colère. Les premiers affrontements ont commencé aux environs de 6h lorsque la brigade de démolition de l'APC, chargée d'éradiquer les baraquements construits illicitement sur le site, en fut empêchée par des groupes de jeunes. L'important contingent de la brigade antiémeutes, appelé à la rescousse sera accueilli par des jets de pierres. Selon les témoignages des habitants, environ 200 jeunes ont barré l'accès aux automobilistes, en usant de troncs d'arbres et autres objets hétéroclites, alors que la fumée des pneus brûlés était visible à plusieurs kilomètres à la ronde. Ces incidents, pour le moins inattendus, ont perturbé les travaux de la session de l'APW prévue le même jour. Ayant suivi les péripéties de cette manifestation, le wali de Constantine qualifiera cet événement de « sortie désespérée de ceux qui ont des intérêts occultes dans le marché de Daksi et qui continuent d'exercer comme de véritables parasites ». Le responsable de l'exécutif a confirmé qu'il est décidé à poursuivre cette opération pour mettre un terme à toutes les formes d'anarchie qui ont terni l'image de la ville. Pendant ce temps, les débats s'enveniment à la cité Daksi. Les jeunes révoltés ayant incendié un rétrochargeur des services de l'APC pousseront les brigades antiémeutes à user de grenades lacrymogènes pour disperser la foule. On recense déjà une quinzaine de blessés dans les deux camps, dont le photographe du quotidien arabophone Ennasr, alors qu'une source de la sûreté de wilaya a avancé le chiffre de trente arrestations parmi les manifestants. Ce sera, finalement, une intervention des élus locaux représentant les secteurs urbains de Ziadia, Sidi Mabrouk et El Guemmas qui apaisera les esprits vers 13h lors d'un contact avec les commerçants concernés, qui se rendront à l'évidence après avoir reçu des assurances pour la régularisation de leur situation. Selon le vice-président de l'APC de Constantine chargé de l'urbanisme, l'opération financée par l'Etat et programmée depuis une vingtaine de jours intervient après le bouclage d'une liste de 748 commerçants qui devront bénéficier de locaux juste après l'assainissement et l'aménagement du site. Le même responsable accuse les éléments qui exercent des activités parallèles, notamment les gros importateurs de friperie, de vouloir saboter une opération qui les affectera sérieusement, surtout que la municipalité a décidé de n'attribuer ces commerces qu'aux jeunes chômeurs. Pour rappel, le marché de la cité Daksi, plus connu pour sa friperie et autres commerces divers, attire chaque jour des milliers de citoyens en raison des prix qui défient toute concurrence et où des milliards de dinars échappent chaque année au fisc.