La grève du personnel navigant commercial d'Air Algérie n'a pas été sans conséquence. En l'espace de 4 jours, des centaines de vols ont été annulés. Les correspondances n'ont repris qu'hier. Les passagers, en majorité des vacanciers algériens, ont été bloqués des deux côtés de la Méditerranée. Le bras de fer entre le syndicat national du PNC et la nouvelle direction d'Air Algérie n'a connu ni vainqueur ni vaincu. Un nouveau round de discussions entre les deux parties aura lieu. «Nous entamerons des discussions avec la direction d'Air Algérie à partir de lundi», nous a affirmé, hier, le secrétaire général du syndicat du PNC, Yacine Hammamouche. Selon lui, la grève aurait pu être évitée. «Lors des discussions avec l'ancien PDG Wahid Bouabdallah, au lendemain du débrayage de juin dernier, le premier point évoqué était la revalorisation des salaires. M. Bouabdallah nous a demandé un délai de trois semaines. Nous étions d'accord et l'ultimatum a été fixé au 10 juillet. Dimanche dernier, le secrétaire général d'Air Algérie, Nourredine Terbag, nous a demandé un délai de 2 mois supplémentaires pour que la direction puisse appliquer l'augmentation des salaires. Ce que nous avons accepté. Une opération de simulation était nécessaire pour connaître les prochaines rémunérations. Cependant, à la veille de la grève, le directeur des ressources humaines appelle M. Terbag. Il lui a demandé d'annuler la simulation», nous a relaté le secrétaire général du syndicat du PNC. Par la suite, a ajouté M. Hammamouche «j'ai informé le personnel de cette annulation. Lors de notre assemblée générale de lundi dernier, tenue à 4h du matin à l'aéroport de Houari Boumediène, nous avons considéré que la direction voulait pourrir la situation. Il y avait plus de 500 éléments du PNC et la reconduction de la grève a été décidée. Nous tenons la nouvelle direction d'Air Algérie comme unique responsable de ce que les événements ont connu comme suite». Un autre détail des plus importants a motivé le PNC à suivre le dernier débrayage. «La nouvelle direction d'Air Algérie a eu des garanties de la part d'un ex-sous-directeur du personnel navigant. Celui-ci a été limogé mars dernier par Wahid Bouabdallah. Il s'agit de Alioua Abdelwahab. Les informations qui nous ont été transmises évoquaient son retour en tant que directeur du PNC. Ce dernier aurait fait des promesses au nouveau PDG d'Air Algérie. Il aurait assuré à Salah Boultif qu'il parviendrait à maîtriser le personnel et qu'il casserait la grève. Ayant eu vent de ce sujet, l'ensemble du PNC s'est révolté. C'est lui qui est derrière nos malheurs. M. Boultif croyait que notre mouvement allait cesser. Le nouveau PDG a eu tort de lui faire confiance», a-t-il précisé. Tant que le gouvernement ne reconnaît pas les syndicats autonomes Pour atténuer la pression, la compagnie nationale aérienne a affrété des avions grecs et italiens. En l'absence d'une convention avec Aigle Azur, cette dernière n'a pu prendre en charge des passagers bloqués dans des aéroports en France. «A l'heure actuelle, selon un chef d'escale d'Air Algérie dans une ville du Sud français, les transferts de billets n'existent pas entre notre compagnie et Aigle Azur», a-t-il expliqué. Pour rappel, c'est le secrétaire général de la centrale syndicale qui a été appelé, jeudi dernier, pour jouer le médiateur entre le syndicat du PNC et la direction d'Air Algérie. «Il est vrai qu'après 4 jours de grève, la situation s'enlisait. Nous avons approché une personnalité politique pour trouver une solution. Cette dernière a contacté le secrétaire général de l'UGTA. M. Sidi Saïd a accepté la médiation et s'est rendu à l'aéroport international Houari Boumediene, où il a constaté une grande pagaille et la désolation des grévistes. Dans la salle où nous étions rassemblés, et pour nous démoraliser, ils ont mis à l'arrêt les climatiseurs. D'ailleurs, six de nos collègues ont été évacués par la Protection civile suite à des malaises. Par la suite, le secrétaire général de l'UGTA a personnellement contacté Ahmed Ouyhia. Le Premier ministre nous a demandé de mettre fin à la grève et il a donné sa parole que nos revendications seront prises en compte incessamment. Nous avons exigé le retour du personnel licencié (plus de 150 stewards et hôtesses) et l'annulation des poursuites judiciaires. M. Ouyahia était d'accord. Ce que nous avons jugé comme un gage de bonne volonté et nous avons donc cessé la protesta», nous a expliqué Yacine Hammamouche. Il est utile de souligner, dans ce sillage, que le gouvernement refuse de discuter directement avec les syndicats autonomes, malgré leur poids imposant dans les différents secteurs. Quant au SG de l'UGTA, il est à penser que Sidi Saïd a saisi l'occasion pour donner un semblant de légitimité à la centrale, qui a tant brillé par son absence depuis le début des années 2000. Mais la sourde oreille faite par les responsables d'Air Algérie aux revendications des travailleurs a terni l'image de la compagnie nationale aérienne et celle du pays de manière générale. Les médias européens ont diffusé en boucle, mercredi, la lassitude des passagers d'Air Algérie en attente d'un vol sauveur. Les Algériens n'ont pas besoin de cela. Ce genre de clichés, réservés aux pays tiers-mondistes, se répercutent directement sur nos compatriotes vivant à l'étranger.