A peine 48 heures après que le Commissariat algérien à l'énergie atomique (Comena) a annoncé la signature d'une convention avec la société canadienne Landmark Minerals pour l'exploration de l'uranium dans l'Extrême Sud algérien, l'on assiste à un véritable coup de théâtre : la convention a été jugée nulle et non avenue. L'Agence nationale du patrimoine minier (ANPM) a, en effet, décidé, hier, de retirer le permis de prospection minière à la société canadienne sous prétexte, annonce-t-elle dans un communiqué, que ce contrat a été signé sans solliciter son accord préalable, conformément à la législation en vigueur. N'y a-t-il pas eu de concertation entre les deux organismes algériens, le Comena et l'ANPM ? Elle n'en dit mot dans son communiqué, concentrant toutes ses flèches contre la société canadienne Sahara Ressources qui aurait fait, selon l'ANPM, de « fausses déclarations » et n'aurait pas respecté les termes de la loi minière et des engagements consignés dans le cahier des charges. La colère de l'agence du patrimoine est telle qu'elle n'exclut pas l'éventualité de poursuivre la société canadienne en justice. Sollicité par El Watan, le directeur de l'ANPM s'est dit « étonné » par l'annonce d'une telle transaction. « Au départ, affirme-t-il, nous avions accordé à la société Sahara Ressources de faire de la prospection, pendant une année, au Sud algérien. Ce qui a motivé cette décision, c'était le fait que cette société soit parrainée par une entreprise solide, Radius Gold. Nous sommes aujourd'hui surpris qu'elle ait choisi d'offrir 80% de ses droits à cette Landmark Minerals, qui ne compte, selon nos informations, que trois personnes », soutient le premier responsable de l'ANPM. Il s'étonne surtout qu'une simple autorisation de faire des « balades géologiques » dans le Sud ait permis à Sahara Ressources d'offrir une « convention d'exploration de l'uranium » à une entreprise peu connue. Tout a commencé mardi dernier lorsque l'APS, reprenant un communiqué du Comena, a annoncé la conclusion d'un accord entre le Comena et le canadien Landmark Minerals pour l'acquisition de concessions minières en Algérie. L'entreprise canadienne affirmait pouvoir investir plus de quatre millions de dollars durant les deux prochaines années pour la réalisation d'un programme de travail défini en commun avec le Comena et qui devait démarrer dès le mois de janvier. Les deux parties avaient convenu, selon la même source, d'associer leurs efforts et de coordonner leurs actions pour la réalisation d'un « levé radiométrique dans les périmètres choisis d'un commun accord et pour la réalisation d'analyses chimiques, minéralogiques et pétrographiques, d'interprétation et de valorisation des résultats ». Des déclarations qui ne visent, selon le directeur de l'ANPM, qu'à donner de l'importance à ce « petit groupe », notamment dans la Bourse canadienne. De son côté, le patron de Landmark Minerals, Herman J. Keyser, avait annoncé, il y a plus d'un mois (le 14 octobre dernier, plus précisément), l'acquisition de ce marché. Il s'était félicité, dans un communiqué paru sur son site web, de travailler avec « un organisme aussi compétent que le Conema ». Landmark Minerals prévoyait de partager, sans autorisation aucune du ministère de l'Energie et des Mines, les droits de la concession minière avec l'entreprise canadienne Sahara Ressources (laquelle avait obtenu l'autorisation de l'ANPM pour prospecter dans le Sud). L'agence du patrimoine minier considère aujourd'hui que l'entreprise Sahara Ressources a abusé de sa confiance. Elle est, à ses yeux, la principale responsable de cette malencontreuse histoire. Le fait que la société canadienne ait cédé une partie de ses « droits » sur la prospection à la société junior canadienne Landmark Minerals, sans solliciter l'accord préalable de l'ANPM, comme l'exige la législation minière, constitue, pour l'agence, « une infraction passible de sanctions administratives et pénales ». Sahara Ressources a ainsi perdu le marché, très juteux, de la prospection et n'aura plus aucune chance d'acquérir celui de l'exploration minière dans le Sud algérien.