Le receveur de la recette douanière de Ghazaouet a été mis sous mandat de dépôt et l'inspecteur du Trésor public, ainsi que deux de ses agents ont été placés sous contrôle judiciaire, dimanche dernier, par le parquet de Tlemcen. Du nouveau dans le scandale de la recette douanière de Ghazaouet, lié à l'encaissement de dizaines de chèques sans provision, remis par des barrons de « l'import-import » pour s'acquitter des droits et taxes douaniers. Dimanche dernier, le receveur principal de cette recette a été mis sous mandat de dépôt, alors que l'inspecteur du Trésor public de Tlemcen et deux de ses agents ont été placés sous contrôle judiciaire. Quant à l'importateur en question, détenteur de la majorité des chèques en bois, il reste actuellement en fuite et fait l'objet d'un mandat d'arrêt lancé par le parquet de Tlemcen. Cette affaire, toujours en instruction par la Gendarmerie nationale, a fait tache d'huile dans la région parce qu'elle a d'importantes ramifications dans les milieux mafieux. Le préjudice causé au Trésors public a été estimé par une expertise judiciaire, à 690 millions de dinars, soit 69 milliards de centimes et ce, sur une période comprise entre 2002 et 2005. La découverte du pot aux roses a poussé la Direction générale des douanes à dépêcher une mission d'inspection, dont les conclusions ont fait ressortir de graves anomalies dans la gestion de la recette. Dans un télex (daté du 16 août 2005) adressé par l'inspecteur général au directeur des ressources humaines, il est fait état qu'à la suite d'un contrôle de la recette des douanes de Ghazaouet, « il a été relevé des anomalies dans les écritures comptables consistant en des chèques retournés impayés pour provisions insuffisantes d'un montant de 562 934 839 DA (c'est-à-dire plus de 56 milliards de centimes), émis par une seule société privée en paiement des droits et taxes (...) Lesdits chèques non certifiés ont été acceptés par le receveur des douanes en violation de la réglementation. A ce jour, le montant des chèques non régularisés s'élève à 236 163 755 DA (...) ». Anomalies Devant cette situation et « compte tenu du préjudice causé au Trésors public », l'inspecteur général a demandé à ce que l'inspecteur soit relevé de son poste en attendant la fin de l'enquête. Selon nos sources, l'enquête a révélé que l'importateur, actuellement en fuite, a présenté de nombreux chèques sans provision, dont 6 à eux seuls représentent un montant de plus de 192 millions de dinars (plus de19 milliards de centimes). Parallèlement à cette mission de contrôle, le parquet de Tlemcen a demandé une expertise judiciaire qui a confirmé toutes ces anomalies en chiffrant, dans une première étape, le préjudice financier à plus de 600 millions de dinars. Cette affaire ressemble étrangement à celle qui a éclaboussé, l'été dernier, la recette principale d'Alger-voyageurs, où les services de sécurité ont fait la lumière sur une grande opération de détournement des droits et taxes douaniers liés à l'importation de véhicules. L'expertise demandée par le tribunal de Sidi M'hamed a comptabilisé 308 dossiers d'importations de véhicules n'ayant pas fait l'objet de déclarations de versement des montants des droits et taxes entre 1999 et 2004, alors que les propriétaires concernés se sont acquittés de ces montants. Ce qui représente, selon l'expertise, un préjudice de 66 348 792 DA, soit plus de 6 milliards de centimes. Le procédé utilisé pour détourner ces sommes est un jeu d'écriture sur micro-ordinateur qui consiste à effacer les numéros de quittances de paiement du journal comptable. « Cette recette était gérée d'une façon anarchique, marquée par le laisser-aller et la déliquescence. Pour preuve, le recours des agents de la caisse à des cachets qui ne sont dotés d'aucun signe qui permet d'identifier l'auteur de la signature. Ce qui est très grave pour le service. Pis encore, ces mêmes cachets ne sont même pas enregistrés dans le registre officiel des cachets (...). » De nombreux inspecteurs ont été convoqués et certains inculpés dans le cadre de cette affaire, toujours en instruction au tribunal de Sidi M'hamed. Et alors que la parenthèse de ce trafic de D10 n'a même pas été fermée, une autre recette, celle de Alger-commerce, a fait l'objet d'un mystérieux vol, entouré par de nombreuses interrogations. En effet, il y a une dizaine de jours, des individus, probablement au nombre de quatre, selon des sources proches de l'enquête, se sont introduits dans la salle des machines du système informatique, à travers un tunnel qu'ils ont creusé entre cet endroit et le parking Bounetta (séparé par un mur en parpaing), pour prendre des dossiers de dédouanement ainsi que la mémoire centrale du système informatique et deux compteurs de billets. Les voleurs ont choisi le vendredi pour agir et, certainement, pour bénéficier de la complicité de certains agents qui, faut-il le préciser, étaient tous absents des lieux au moment du vol.