La généralisation du système Chifa a débuté hier. Cependant, des citoyens ignorent toujours le fonctionnement de la carte Chifa. Carte expirée, une autre non activée. Ce sont des situations auxquelles les pharmaciens sont confrontés quotidiennement. Certains citoyens ignorent complètement le lancement du système du tiers payant. «Je n'ai pas entendu parler de cette décision», avoue une femme, rencontrée dans une officine à Belouizdad, et ce, en dépit des campagnes de sensibilisation organisées par la CNAS ces deux dernières semaines et des journées portes ouvertes sur le fonctionnement du système Chifa. Certains n'ont pas activé leur carte. D'autres ne l'ont même pas récupérée. Hier, au niveau de l'une des officines sises dans la localité de Belouizdad, seuls les malades chroniques et les retraités continuaient à se faire rembourser en utilisant cette carte. «Je n'ai effectué qu'une seule opération avec le système du tiers payant depuis ce matin», affirme le pharmacien. Un patient s'est vu refuser l'achat par la carte Chifa de l'Aspégic prescrit en sachets, alors que dans l'officine, ce médicament existe sous une autre forme. «Au niveau de la CNAS, on nous refuse de rembourser des médicaments prescrits sous une autre forme», explique le pharmacien au sexagénaire. Exprimant sa colère, ce dernier a tiré à boulets rouges sur les médecins qui, selon lui, doivent être au courant des médicaments disponibles dans les officines. Bien qu'au premier jour du lancement de cette opération, le remboursement par le système du tiers payant laisse à désirer, le pharmacien n'a pas caché sa crainte pour les jours à venir. «La généralisation de la carte Chifa mettra à coup sûr de la pression sur l'activité du pharmacien», craint-il. Dans la plupart des pharmacies, faut-il le rappeler, il n'existe qu'un seul lecteur de la carte Chifa. La présence de deux ou trois pharmaciens vendeurs n'a aucun impact sur la prestation. Ils attendent à ce que leur collègue termine l'opération pour se servir du seul lecteur dont est dotée leur officine. Questionné à ce sujet, un pharmacien assure que l'équipement des officines dépend de la CNAS. Néanmoins, une source proche de la gestion du système Chifa parle de la réticence de certains pharmaciens. Réticence des pharmaciens
«Ils n'ont qu'à effectuer la demande pour voir leur officine doter des lecteurs de cartes et faciliter l'opération du remboursement», souligne notre source. La généralisation de la carte Chifa peut-elle créer de nouveaux emplois pour contrecarrer la lenteur caractérisant le système Chifa ? A ce sujet, un pharmacien est optimiste. Mais ses collègues ne cessent de revenir sur les désagréments causés par le système Chifa. «C'est nous qui payons les frais des ordonnances rejetées par la CNAS. Dans le cas où l'ordonnance est rejetée pour une erreur dans le nom ou la date, nous ne pouvons pas contacter les patients. J'ai une dizaines d'ordonnances rejetées qui datent de 2010», se plaint un pharmacien. Une responsable de la CNAS, qui a requis l'anonymat, insiste sur le fait que ce genre d'erreurs relève de la responsabilité du pharmacien. «La nouvelle application ne peut pas rectifier le rejet», réitère notre interlocutrice. Il convient de souligner que de nombreux responsables et agents de la CNAS refusent toujours de parler à la presse, notamment quand il s'agit de révéler des statistiques relatives à la gestion du système Chifa. «Nous avons reçu instruction de ne pas parler à la presse», se justifie un agent de la CNAS. Pourtant, lors de sa dernière sortie médiatique, Tayeb Louh, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, a exhorté les différents responsables du secteur à communiquer avec les médias. «Dans la plupart des cas, ces responsables attendent l'intervention du ministre», constate M. Louh qui considère que la communication est une tâche quotidienne.