Le projet d'organisation et de réaménagement de la décharge publique de Berka Zerga de la wilaya de Annaba, destiné à maîtriser la gestion de plusieurs centaines de tonnes de déchets dangereux quotidiennement déversés, n'est pas près d'être réalisé. Il avait été initié par la direction de l'environnement et par différentes communes de la wilaya. Bien que des dates aient été fixées pour son lancement et qu'une entreprise chargée du suivi du projet ait été créée, ce projet a rejoint beaucoup d'autres sur les étagères des archives des décideurs. Prévus pour être lancés en juillet 2003, les travaux de réalisation avaient été différés à octobre de la même année. Plusieurs mois après, l'on est toujours au stade des supputations y compris au niveau de la direction de gestion de la décharge. Contacté, le premier responsable de cette dernière déclare être dans l'incapacité d'avancer une quelconque date quant au démarrage des travaux. Autre projet mis en veilleuse, la mise à disposition par la SNTF au profit des APC de Annaba, El Bouni, Sidi Amar et El Hadjar de dix wagons. Des wagons pour le ramassage D'une capacité de chargement de 60 t chacun, ces wagons ont été conçus sur la base de normes spécifiques au ramassage des ordures ménagères, industrielles et hospitalières. D'un coût estimé à 30 millions de dinars, le projet avait fait l'objet d'une large campagne médiatique. Il comportait également la création d'un espace de préstockage à proximité de la gare Allelick qui jouait ainsi le rôle de station de transit des ordures avant leur acheminement par rail sur Berka Zerga. Le financement de ce projet devait être assuré conjointement par la wilaya, le ministère de l'Environnement et des organisations environnementales internationales sollicitées, notamment une basée en Allemagne dont le modèle en matière de protection de l'environnement a toujours inspiré notre pays. Tous ces couacs, reculades et retards dans la concrétisation des projets destinés à la sauvegarde de l'environnement et à la lutte contre la pollution sont à l'origine de la décision de l'Association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution (ANPEP) d'organiser récemment une rencontre sur la gestion et le traitement des déchets liquides et solides. Projets vieux de 10 ans L'objectif que s'étaient assigné les organisateurs consistait en une interpellation publique des responsables de l'Etat sur la nécessité d'une sérieuse prise en charge de ces deux projets. Pour preuve, cette déclaration de M. Halimi président de l'APEP faite en présence d'universitaires et experts spécialistes de l'environnement : « Ces projets ne datent pas d'hier. Ils ont été soumis aux autorités concernées depuis plus d'une dizaine d'années. L'absence de réalisme et l'indifférence des responsables locaux ont fait que ce projet est resté au stade de la conception. Contrairement à de nombreuses organisations internationales que nous avons sollicitées et prêtes à débloquer les aides financières nécessaires, les représentants des APC n'ont pas daigné répondre à notre invitation de participer à cette rencontre. » L'absence de toute réaction des autorités locales face au phénomène de la prolifération des dépotoirs clandestins et leur indifférence quant à la prise en charge de ce dossier se sont négativement répercutées sur l'environnement à l'échelle de la wilaya. Pour M. Halimi, cette situation est également la conséquence de l'anarchie et manque de contrôle des déversements et les incinérations des ordures tous types confondus. Selon lui, la wilaya de Annaba compte pas moins d'une vingtaine de dépotoirs clandestins où sont quotidiennement déversées plus de 700 t de déchets solides dont 350 sont produites par la seule commune de Annaba. « De coquette, Annaba s'est transformée en une ville polluée et invivable. Elle figure dans le lot de tête des villes les plus atteintes par la pollution d'Algérie avec ses dépotoirs clandestins à Boukhmira, Bousedra (commune El Bouni), Sidi Brahim et Rym (Annaba) et El Hadjar. Notre wilaya dispose des moyens pour se prémunir contre cette situation. Ce sont la volonté et la motivation de nos responsables locaux qui font cruellement défaut. »