Malgré ses belles plages et les promotions «spécial Ramadhan» allant jusqu'à 50% de réduction dans les hôtels, Tichy, une des stations balnéaires les plus prisées de Béjaïa, ressemble à une carte postale inanimée : pas un estivant, en ce début d'août caniculaire.Il est midi à l'hôtel Les Hammadites, le mercure affiche 31°C. Nous attendons dans le hall de la réception. Quelques instants plus tard, nous sommes reçus par, M. Hamache, directeur de l'établissement. Cet hôtel public, propriété de l'Entreprise de gestion touristique, EGT Est, a ouvert ses portes en 1972. Il y a quelques mois, il a été partiellement rénové pour «mériter» ses trois étoiles. «Nous disposons de 142 chambres et suites. Une extension est en projet», affirme M. Hamache. «Pour tout séjour durant le Ramadhan, nous proposons des promotions», dit cet hôtelier. Il nous fait visiter donc cet établissement qu'il dirige depuis quelques mois. Tout ce qu'il y a de plus simple côté décoration et aménagement. C'est propre avec un confort d'un hôtel trois étoiles. Nous montons l'escalier et nous accédons à une chambre double. Prix : 4600 DA la nuitée, contre 8100 DA en juillet. Télévision, climatisation, salle de bains et minibar. Nous visitons également une suite. Environ 50 m2 aménagés en deux spacieuses pièces bien ensoleillées, minibar, salle de bains et terrasse avec vue panoramique. Elle est proposée à 8000 DA la nuitée, contre 13 000 DA en juillet. En dépit de ces promotions, les clients se comptent sur les doigts d'une seule main. La fréquentation est au plus bas : «Seule une chambre sur dix est occupée», indique M. Hamache. «Nos suites sont vides», reconnaît-il. A Tichy, les hôtels «pieds dans l'eau» offrent tous des rabais. Malgré les prix cassés, des étages entiers d'hôtels, habituellement occupés, sont vides. Les vacanciers ont déserté les hôtels balnéaires A l'instar des deux derniers étés, cette année encore il va falloir faire sans les clients durant tout ce mois d'août. A une centaine de mètres de là, le Club Aloui, implanté au bord de la mer, propose également des offres «spécial Ramadhan». Des réductions avoisinant les 50% sur les tarifs de la haute saison. Une chambre double est proposée à partir de 4990 DA. La suite double avec vue panoramique est proposée à partir de 6690 DA. L'établissement dispose également de bungalows à partir de 5990 DA. «Pour tout séjour, la cinquième nuitée est gratuite», est-il affiché dans le hall. Les clients ont le choix entre la piscine et descendre quelques dizaines de mètres pour se baigner sur la plage aménagée, réservée aux clients. Les familles ont droit à une terrasse panoramique. «Les enfants de moins de dix ans sont hébergés gratuitement», lit-on sur une affiche. Le club dispose d'espaces abritant des aires de jeux pour enfants. L'établissement assure aussi le petit-déjeuner et le déjeuner pour les enfants durant la journée du jeûne. Une navette assure le transport à partir de l'aéroport et de la gare ferroviaire. Côté animation, les hôteliers disent «attendre pour voir». «Si la clientèle afflue suffisamment, nous organiserons des soirées ramadanesques. Y sont programmés les classiques avec des spectacles et des jeux de magie, et des clowns pour les enfants», affirme le réceptionniste. Pour autant, les vacanciers ont déserté ces hôtels balnéaires. En dépit des séjours soldés, les vacanciers ont boudé les hôtels. «C'est vide !» disent, tour à tour, tous les hôteliers que nous avons interrogés. A Tichy, commerçants, artisans et plagistes chôment. Durant le Ramadhan, les Algériens préfèrent rester chez eux. Les plages sont vides. Les hôteliers qui offrent des promotions avec des prix réduits, guettent désespérément les clients qui ne sont pas prêts à renoncer, pour rien au monde, à la chorba de chez eux. Les rabais des hôteliers ne suffisent pas à convaincre les familles qui préfèrent jeûner chez elles. En ce mois d'août caniculaire, les jeûneurs ne pensent qu'à leur soif en eau. «Le soir, Tichy renoue avec l'animation. Il y a quelques baigneurs noctambules par-ci, d'autres occupant les terrasses des crémeries par-là, mais l'on est loin des très festives nuits d'été», dit Ahmed, chauffeur de taxi.