En ce début de juillet, on ne se bouscule pas encore sur les 35 plages autorisées à la baignade à Béjaïa ni même aux portes des hôtels. La situation n'est pas habituelle pour le littoral bougiote, qui, pendant cette période, grouille généralement de juillettistes. Cette année, un peu plus d'un mois après son ouverture officielle, la saison estivale se trouve coincée entre un mois de coupe du monde, qui a contraint les foules à rester chez elles et le mois de ramadhan qui les forcera aussi à précipiter leur départ. En définitive, il restera un petit mois pour lequel les réservations sont faites. Parcimonieusement dans des cas. Jusqu'au sifflet final de la coupe du monde, l'activité hôtelière a été plombée. Si les férus de la balle ronde ont été absorbés pas les joutes qui se sont tenues en Afrique du sud jusqu'au 11 juillet, il s'est trouvé, parmi les non footeux, qui ont été retenus par les résultats du bac. « Nous avons eu des réservations à partir du 10 juillet », nous répondent des hôteliers de la côte est de Béjaïa qui s'en réfèrent à leurs registres à moitié vides. Les premiers contingents de vacanciers ont donc commencé à affluer à partir du 10 juillet. « C'est sûr que la coupe du monde a retardé les choses mais les résultats du bac y sont aussi pour quelque chose », nous disent, à l'unanimité, les hôteliers de Tichy et Aokas que nous avons interrogés. « Ça devrait se débloquer à partir de ce week-end », nous déclare M. Belakhdar, chef réceptionniste à l'hôtel Hammadites dans la ville de Tichy, qui a connu une fréquentation plutôt en dents de scie durant le mois de juin. « En juin, nous avons eu des clients qui venaient pour quelques nuits et repartaient ». Mais cela n'inquiète pas outre mesure les hôteliers qui savent que la haute saison c'est habituellement juillet-août. Soit peu de temps pour tenter de réduire les dégâts du cumul des manques à gagner. Mais cette année, carême oblige, la haute saison sera sensiblement courte. « Nous avons des réservations jusqu'au 8 août, dont 20% de la part d'émigrés », nous apprend le chef réceptionniste des Hammadites. Et il y aura encore de la place puisque, pour ce mois de juillet, cet hôtel de l'EGT Est s'attend à faire 90% à 95% de sa capacité d'accueil. « En 2009, nous avons travaillé 50 jours, cette année nous ne dépasserons pas les 35 jours sur les deux mois », prévoit M. Belakhdar. A-t-on pensé à des formules pour intéresser les vacanciers ? Si pour le ramadhan la partie est plus ou moins jouable, estiment certains hôteliers, pour juin et début juillet c'était peine perdue. Par tradition, les parents ne viennent pas avant la proclamation des résultats du bac ou du BEM. Le Ramadhan aussi est un facteur dissuasif. « En 2009, nous avons lancé une formule spéciale ramadhan, en réduisant nos tarifs de 50% et en offrant le shour gratuitement mais rien n'y a fait », regrette M. Mouhli, le patron de l'hôtel Sahel dans la ville côtière d'Aokas. « On attend » Tichy n'a pas la cote « A cause de la coupe du monde, les gens ne seraient pas venus quelle que soit la formule que nous leur aurions proposé », constate de son côté, le responsable des réservations des Hammadites qui consent une réduction d'au moins 50% de ses tarifs pour le Ramadhan. Connue pour être la destination privilégiée de centaines de milliers d'estivants, Tichy n'a pas encore intéressé tout son monde. En dehors des week-ends, ses plages, tout comme celle de la voisine Boukhlelifa, offrent de larges espaces pour planter les parasols des potentiels baigneurs. La saison tourne au ralenti et l'hôtel Syphax, au centre de Tichy, le vérifie à ses dépens. « C'est timide pour le moment », nous déclare Nadir Arroudj, patron de cet hôtel. L'amorce a eu lieu le 29 juin avec l'arrivée disséminée de quelques estivants, dont 5 couples français. Notre interlocuteur ne se fait pas trop d'illusions quant au temps réel que durera la saison estivale : « Cela se terminera la veille du ramadhan ». On s'attend à un remake de la saison précédente ; le 21 août tout le monde, ou presque, a fait ses valises. « Il n'y avait personne au début du ramadhan », se souvient M. Arroudj,dont l'établissement dispose de sa propre plage pour laquelle de nouveaux équipements ont été acquis et qui attendent d'être amortis. Du côté d'Aokas, on n'est pas à meilleure enseigne. Les plages ne sont pas pleines et l'activité est à son plus lent rythme. L'hôtel Sahel en pâtit. Au mois de juin le taux de fréquentation était à 2%. « Si cela avait continué pour ce mois de juillet, nous aurions été obligés de fermer et d'envoyer le personnel en congé ». Désespéré, M. Mouhli, patron de Sahel, ne comprend pas ce déclin qu'il dit avoir constaté ces deux dernières années. « Les gens n'ont peut-être plus de moyens » se demande-t-il. Dans cette conjoncture de fléchissement sensible, réduire les tarifs paraît aventureux. Les agents immobiliers l'ont compris. Dans la ville d'Aokas le prix d'un appartement à louer a doublé. « Un F3 ou un F4 est passé de 3000 DA à 4500 DA la nuitée à cause du recul de la demande », nous informe un professionnel immobilier. L'année prochaine la situation promet d'être plus serrée. La raison ? Le Ramadhan prendra pour lui tout seul, tout le mois d'août.