Annoncées en grande pompe en mars derniers, les «réformes politiques» avancent au ralenti. Le pouvoir, qui avait lancé ce processus tambour battant, en mars 2011, dans la foulée des révolutions arabes, fait preuve d'une étrange nonchalance à poursuivre sa démarche. Depuis la fin des consultations sur les réformes politiques, le 21 juin dernier, aucun responsable du gouvernement n'a communiqué sur le sujet. Même l'initiateur de la démarche, le chef de l'Etat en l'occurrence, s'est contenté d'une seule intervention sur la question. C'était à l'occasion du dernier Conseil des ministres, début juillet dernier. «Les contributions et vues recueillies seront prises en considération dans l'élaboration de tous les projets de textes, y compris celui relatif à la révision de la Constitution, en ayant à l'esprit les principes, les constantes et les intérêts de la nation», avait déclaré le président Bouteflika. Et puis, plus rien. Silence radio ! L'opinion publique nationale ne sait même pas si le président de l'instance de consultation sur les réformes politiques, Abdelkader Bensalah, a remis son rapport final à la présidence de la République. Un rapport dans lequel il devra résumer les suggestions et les propositions des personnalités ayant accepté de «jouer le jeu» en participant à ces consultations. Ayant promis plus de transparence dans cette démarche, le président Bouteflika semble avoir changé d'avis en optant pour la discrétion. Pourquoi ne pas tenir au courant l'opinion publique nationale des différentes étapes à suivre pour réaliser ces «réformes politiques» ? Le pouvoir veut-il faire marche arrière et revoir à la baisse le seuil des concessions à faire ? En tout cas, cette attitude est dénoncée même par les formations politiques qui gravitent autour du pouvoir. Il s'agit notamment du Parti des travailleurs (PT) et du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Ces deux partis n'ont pas caché leurs appréhensions et ont exigé la publication du rapport de la commission Bensalah afin de donner un semblant de transparence à cette démarche. Mais leurs doléances risquent de ne pas trouver une oreille attentive. Et pour cause, le pouvoir semble s'inscrire dans une autre logique. Alors que la classe politique s'attendait à une large consultation sur la révision de tous les textes régissant la vie politique et associative en Algérie, les autorités font exactement le contraire. Elles ont déjà lancé une démarche parallèle pour la révision de tous les textes importants, à l'exception de la Constitution. Une tâche qui est confiée à l'Exécutif. En effet, la révision de la loi électorale, de la loi sur les partis politiques et de la loi sur les associations est déjà entamée. L'amendement de ces textes sera effectué selon un calendrier établi par le ministère de l'Intérieur, en juin dernier. L'élaboration des nouvelles moutures de textes concernés devrait s'étaler sur deux mois (juillet-août). Une fois finalisés et avalisés par le Conseil des ministres, ces textes seront présentés ensuite au Parlement pour examen et adoption. Ainsi, les partis n'auront aucun droit de regard sur des textes qui les concernent directement. Mis à part le pseudo-débat devant avoir lieu dans un Parlement affaibli et en manque de légitimité, aucun parti ne pourra donner son avis sur le contenu de ces textes. Peut-on, dans ce cas, parler de vraies réformes politiques ? Quelle est l'utilité d'une révision des textes législatifs si son objectif n'est pas d'instaurer la démocratie dans le pays ?