La clochardisation de la ville d'El Milia semble prendre un tournant des plus inquiétants en ce mois sacré. Et pour cause, dès la rupture du jeûne, des groupes d'adolescents et d'enfants envahissent la ville et prennent d'assaut la place Bounnah Belkacem, près de la poste, où ils se donnent rendez-vous pour s'adonner à des jeux de mauvais goût. Leur activité tourne autour de la location de vélos, ce qui génère l'anarchie sur les lieux. L'oisiveté, conjuguée à l'absence d'infrastructures de loisirs et de détente, est pour certains un prétexte à la délinquance, alors que pour d'autres, c'est la passivité des parents qui est à l'origine de tous les maux. Ceux-ci sont accusés de s'adonner aux jeux de cartes et de dominos dans les cafés, alors que leurs enfants sont livrés à eux-mêmes. Les nuits de Ramadhan dans la ville d'El Milia deviennent tellement agaçantes, que certains préfèrent s'éloigner de ce brouhaha nocturne et aller savourer des moments de quiétude autour d'un café ou une boisson rafraîchissante. Les enfants dans la rue, c'est un phénomène qui se banalise dans cette ville. Les gens vivent au rythme de leurs agissements, entre disputes et bagarres dans l'obscurité de la place de la poste. La convivialité des veillées d'antan semble s'éloigner d'année en année des coutumes du Ramadhan dans un contexte de dégradation des valeurs sociales. La délinquance juvénile, de plus en plus audacieuse dans les rues, précisément en ce mois, fait fuir du centre-ville beaucoup de gens. Même au niveau des pseudo marchés de fruits et légumes existant dans cette ville, les enfants n'hésitent pas à bousculer les adultes afin de vendre leurs produits ; certes, c'est pour aider leurs familles dans le besoin, mais ces nouvelles manières devraient donner à réfléchir.