Après un long silence ayant alimenté l'incertitude autour des placements de l'Algérie en T-bonds, le gouvernement, objet de toutes les critiques, sort de sa réserve. Karim Djoudi, ministre des Finances, a estimé, hier, que l'Algérie n'a rien à craindre des répercussions de la crise de la dette américaine sur ses réserves de changes placées dans les banques américaines. «Nos placements sont sécurisés sur trois plans : leur capital est garanti, ils sont couverts contre les risques de change et ils sont liquides, c'est-à-dire que nous pouvons les retirer à tout moment», a souligné M. Djoudi, dans un entretien à l'APS. Le ministre des Finances continue, cependant, à entretenir le mystère sur le montant de ces placements, se contentant de préciser que leur taux d'intérêt est de 3%. Suffisant, selon ses dires, pour couvrir «largement» l'inflation actuelle. Citant des organismes mondiaux, la presse a avancé le chiffre de plus de 173 milliards de dollars de réserves de changes en juin 2011, un chiffre record jamais réalisé. Le ministre n'a ni infirmé ni confirmé ces informations. Fin 2010, les réserves de changes de l'Algérie étaient de 160 milliards de dollars, selon les chiffres de la Banque d'Algérie. Selon M. Djoudi, le gouvernement, pour s'assurer d'une sécurisation «maximale» de ces réserves de changes, a «choisi» d'en placer une partie comme des «valeurs d'Etat sur des risques souverains, dont le risque est très limité puisqu'il s'agit de la disparition de l'Etat lui-même». Se voulant plus explicite, le ministre a indiqué que le gouvernement disposait de trois choix à faire pour gérer ces réserves de changes. La première possibilité consiste à s'orienter sur des actifs financiers privés caractérisés par un couple risque/rendement «très important», a ajouté le ministre, considérant ceci comme «un choix spéculatif». La seconde option autorise à placer une partie de ces réserves de changes au niveau des banques, qui ne sont pas à l'abri du risque de faillite, d'après lui. La dernière possibilité, d'ailleurs retenue par le gouvernement, est de déposer ces réserves en valeurs d'Etat, a soutenu le premier argentier du pays, la jugeant comme «le meilleur choix pour l'Algérie». M. Djoudi a souligné que la protection de ces mêmes placements contre les risques de changes est assurée par le biais d'une répartition équitable des réserves en dollars et en euros. Selon ses explications, une baisse de l'euro pourra être compensée par une hausse du dollar et inversement. Alors que le gouvernement rassure, économistes et experts sont plutôt alarmistes. Si certains ont rappelé que ces placements n'ont aucun rendement, d'aucuns ont estimé qu'au lieu d'être thésaurisées, ces réserves de changes devraient être judicieusement investies en Algérie dans des secteurs productifs. Par ailleurs, le ministre des Finances nous apprend que la dette extérieure de l'Algérie s'élève par à 5,2 milliards de dollars, alors que la dette extérieure publique a été réduite à moins de 480 millions de dollars, selon les statistiques du ministère des Finances.