Le premier argentier du pays, Karim Djoudi, est intervenu hier pour rassurer quant à la gestion des réserves de change de l'Algérie, répondant ainsi aux interrogations émanant des experts et des analystes qui ont alerté sur les risques encourus, notamment après la dégradation de la note de la dette américaine le 5 août dernier par l'agence de notation Standard & Poor's. Le ministre des Finances a apporté des réponses à l'ensemble des questions ayant trait à la gestion des réserves de change, gestion qualifiée par certains spécialistes et médias nationaux d'«opaque». Dans l'entretien accordé hier à l'APS, le ministre a précisé que l'Algérie, qui a placé une partie de ses réserves de change à l'étranger, n'a rien à craindre des répercussions de la crise de la dette américaine pour ses placements ésécurisésé sur plusieurs plans. éNos placements sont sécurisés sur trois plans : leur capital est garanti, ils sont couverts contre les risques de change et ils sont liquides, c'est-à-dire que nous pouvons les retirer à tout moment», a indiqué M. Djoudi. Selon l'APS, le ministre n'a pas avancé le montant de ces placements, précisant seulement que leur taux d'intérêt était de 3%, ce qui couvre, a-t-il estimé, «largement» l'inflation actuelle. Pour assurer une sécurisation «maximale» de ses réserves de change gérées par la Banque d'Algérie, l'Etat a «choisi» d'en placer une partie comme des «valeurs d'Etat sur des risques souverains, dont le risque est très limité puisqu'il s'agit de la disparition de l'Etat lui-même», a-t-il expliqué. Selon le ministre, l'Algérie avait, en fait, trois choix à faire pour gérer ses réserves de change. Première possibilité : aller sur des actifs financiers privés caractérisés par un couple risque-rendement «très important», mais «ça reste un choix spéculatif et quand nous avons la responsabilité de gérer l'argent de la collectivité nationale, on ne spécule pas», a-t-il dit. La deuxième est d'aller déposer son argent dans des banques qui ne sont pas à l'abri du risque de faillite. Déposer ses réserves (de change) en valeurs d'Etat était donc le meilleur choix pour l'Algérie», a-t-il soutenu. Quant à la protection contre les risques de change, elle est assurée, a-t-il ajouté, par une répartition équitable des réserves en dollars et en euros. Ainsi, une baisse de l'euro pourra être compensée par une hausse du dollar et inversement, a-t-il poursuivi. Revenant sur la «confusion» qui prévaut parfois à propos de la notion des réserves de change, M. Djoudi a rappelé qu'elles ne sont qu'une «contrepartie de la masse monétaire transformée en dinars». «Chaque fois qu'un dollar rentre dans l'économie nationale, il est transformé en dinar. Une partie est destinée à la fiscalité d'Etat afin de couvrir les projets d'équipements publics, les dépenses de fonctionnement et les transferts sociaux, alors que l'autre partie est déposée dans les banques», a-t-il précisé. Ce qu'il faut comprendre, conclut M. Djoudi, c'est que toute la dépense qui va à la collectivité nationale, entreprises et ménages, résulte de la transformation des réserves de change en dinars et dont 40 milliards de dollars vont annuellement aux importations. A fin 2010, les réserves de change de l'Algérie étaient de 160 milliards de dollars. Sur le plan international, il faut souligner que la dette américaine reste une valeur refuge malgré sa dégradation. La dégradation de la dette américaine n'a pas bloqué l'appétit pour les titres du trésor américain, sachant que des banques chinoises et des banques centrales asiatiques continuent à placer leur confiance en ces titres souverains.