Il s'agit pour les Européens de tranquilliser les marchés et convaincre de leur capacité à gérer leurs finances et à juguler les déficits. La dégradation de la note de la dette américaine et le vent de panique qui a soufflé sur les Bourses mondiales ont fortement déstabilisé la zone euro qui a échappé au pire, il y a quelques jours, mais reste toujours vulnérable suite à la pire tempête boursière depuis 2008. Après la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Italie, la France se retrouve en première ligne. Les rumeurs continuent de cibler le pays, en particulier suite aux doutes qui sont apparus sur sa capacité à conserver sa note triple A, décernée par les agences d'évaluation financière aux émetteurs de dette les plus fiables. Les banques françaises, prises dans la tourmente, ont été également attaquées et ont fortement vacillé, faisant de la France un des pays de la zone euro les plus menacés par la crise de la dette. Devant cette situation, les dirigeants européens s'inquiètent mais à des degrés différents. Face à la fébrilité du président français, qui a interrompu ses vacances pour gérer des réunions de crise, la chancelière allemande, silencieuse depuis le début de la tourmente, affiche plus de sérénité. Il faut dire que la situation des deux pays face à la crise est tout à fait différente. Leur opinion sur les sorties de crise aussi. Le président français, Nicolas Sarkozy, a pris rendez-vous demain à Paris avec la chancelière allemande, Angela Merkel, pour un sommet capital. Il s'agit pour les Européens de tranquilliser les marchés et convaincre de leur capacité à gérer leurs finances et à juguler les déficits. Il s'agit également de dépasser les divergences pour trouver des solutions durables à la crise de la dette qui menace de faire exploser la zone euro. L'ordre du jour du sommet inclut notamment des «propositions communes concernant la réforme de la gouvernance de la zone euro». La rencontre de crise est censée contribuer à enrayer la spirale de défiance qui frappe la zone euro. Selon la présidence française, les deux dirigeants doivent travailler lors de ce sommet bilatéral – dont l'annonce a contribué à apaiser les Bourses européennes en fin de semaine dernière – à l'élaboration de «propositions communes concernant la réforme de la gouvernance de la zone euro». Pour Paris, il faut «accélérer» la réflexion sur la gouvernance de la zone euro, de même que la mise en place des instruments décidés lors d'un sommet de la zone euro, le 21 juillet 2011, et destinés à empêcher une contagion de la crise de la dette. A Berlin, plusieurs responsables allemands ont exprimé à nouveau la méfiance de l'Allemagne à l'égard d'options évoquées en Europe, et qui reviendraient à accroître les formes de mutualisation de la dette de la zone euro. Pour l'Allemagne, pas question d'entendre parler d'émissions d'obligations européennes qui reviendraient à communautariser une partie de la zone euro. Les Allemands ne sont pas favorables non plus à une augmentation de la capacité de prêts du Fonds européen de stabilité financière (FESF), actuellement fixée à 440 milliards d'euros. Ce fonds a pour but de soutenir les pays endettés de la zone euro et pourra à l'avenir, sous condition, racheter sur les marchés leur dette. Il est à rappeler que la France doit annoncer, le 24 août, des mesures de rigueur très sévères pour tenir son engagement à ramener son déficit sous la barre des 3% du PIB en 2013, après l'Italie qui vient de décréter un nouveau plan d'austérité de 45 milliards d'euros.